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La clé de l’innovation est de faire sortir l’ingénieur de son laboratoire

Publié le 04 avril 2014 par Pnordey @latelier

Partenariats d’innovations ouvertes, laboratoires de compétences transversales, relais extérieurs via des start-up, sont autant de solutions pour valoriser la recherche et stimuler l’innovation.

Recherche et innovation doivent travailler ensemble. Cela semble être du bon sens mais pas si facile à appliquer dans les faits. "Comment mettre en œuvre cette dynamique ?".  Qui entraîne qui ? Qui récolte quoi ? Des grands groupes, privés ou publics y ont répondu à l’occasion de la journée de l’ingénieur qui s’est tenue le 3 avril à la Cité des sciences de Paris. Le constat est unanime : pas d’innovation sans technique, donc sans ingénieur. Mais si ce dernier reste dans son laboratoire, il est fort probable que sa découverte y reste aussi. Un commercial semble recommandé pour tester l’idée auprès d’un marché et identifier un écosystème. "Il faut donc croiser les cultures et les compétences"  pour rendre la logique vertueuse, insiste Bernard Scherrer, Délégué Innovation chez EDF. Pour lui, les incubateurs ont tout intérêt à réunir les écoles d’ingénieurs et les écoles de commerce. La mise en place de pôles regroupant de la recherche académique, des PME et des gros industriels est donc parfois souhaitable pour des technologies que les grands groupes n’ont pas intérêt à conduire tout seul .

Pas de développement sans besoin

Pour un groupe tel qu’EDF dont le pôle R&D compte 200 ingénieurs qui font de la recherche en innovation dans des métiers énergétiques de service public très spécifiques  (nucléaire, électricité, énergies alternatives…), la culture d’innovation est primordiale. Mais cela n’est possible qu’à condition que les différents métiers du groupe soient convaincus que la solution proposée va être créatrice de valeur. Et la meilleure façon d’y parvenir, c’est de rapprocher en amont les chercheurs avec les métiers de façon à ce que la bonne idée des premiers puissent se transformer en innovation. Cette dynamique implique de regarder à l’extérieur du groupe. "On va chercher des start-up qui travaillent sur d’autres choses que nous". C’est le rôle d’Electranova Capital, fonds de capital croissance cleantech dont EDF est le sponsor stratégique. Sur les 300 start-up que ce fonds repère par an, un tiers d’entre elles vont pouvoir rencontrer le métier qui correspond à la technologie découverte. In fine, seulement 25 pourront accéder au bout de neuf mois, à l’étape des démonstrations et des tests en réel. Un ratio qu’EDF souhaite augmenter à terme. La rencontre d’un mastodonte comme EDF et des start-up, c’est un peu la rencontre entre un éléphant et une souris. Mais c’est l ‘éléphant qui a peur de la souris car elle court bien plus vite que lui  et l’éléphant a du mal à suivre », résume Bernard Scherrer.

L’Open innovation comme stimuli

Pour rester compétitif, les grands groupes se tournent donc vers l’open innovation ; y compris PSA . "Il fallait des relais à l’extérieur", explique Sylvain Allano, directeur scientifique du groupe automobile pour valoriser les savoir-faire du groupe, poursuit-il. "On s’est installé sur des campus universitaires par l’intermédiaire de chercheurs" et on a créé des Open Lab – 10 au total dans le monde dont 5 en Chine - qui travaillent en réseau. Selon lui, "l‘étape suivante est de faire naître des écosystèmes pour faire croître les envies de construire des entreprises". Même démarche pour l’Inserm, organisme public où la recherche fondamentale est nécessaire et où l’innovation consiste à produire des médicaments à partir de ces découvertes. Pour autant, "la découverte ne devient pas un produit de santé de façon très naturelle", souligne Cécile Tharaud, Directrice Générale d’Inserm Transfert. Le meilleur moyen d’y parvenir est de monter des partenariats d’innovations ouvertes. "Il a fallu convaincre les chercheurs que l’innovation n’allait pas salir leurs recherches et que ces partenariats allaient générer de la belle science". Les résultats sont encourageants puisque les innovations ont été triplées. Mais une question demeure quant au partage des bénéfices. Des verrous doivent sauter sur le droit de propriété des brevets et sur la possibilité pour un organisme public de céder une licence contre une prise de participation dans une start-up.

 

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