Magazine Culture

5 avril / Larzac bout du monde

Par Blackout @blackoutedition
5 avril Larzac bout du monde La communauté s'est installée en 69 dans un village abandonné, sans eau courante ni électricité. Les hippies pures souches se sont organisés dans l'anarchie, chacun tirant sur son arc, retapant les maisons en ruine, avec les pierres et les tuiles abandonnées sur place, impossible d'acheter quoi que ce soit, une des règles d'or du groupe c'est de partir à zéro et de ne dépenser que l'argent gagné. Le village à côté, à côté ! treize kilomètres ! trop content de voir le bourg sauvé de la ruine a décidé de donner un coup de pouce aux arrivants. Ils leur ont offert un troupeau de chèvres et de quoi manger jusqu'à ce que les fromages se vendent. Petit à petit des règles de vie se sont installées, la nudité est naturelle, les couples n'existent pas plus que la jalousie, les enfants sont élevés en commun, pas de différence entre homme et femme et surtout, pas de moyens de communiquer avec le diabolique monde extérieur, bien que quelques-uns trichent et lisent le journal lorsqu'ils vont faire les courses au village en vélo. Trente ans se sont écoulés, les enfants naturels de la communauté ont pris des chemins divers et variés. Certains se sont installés en ville, l'un d'eux est ingénieur aéronautique, l'autre est un homme politique réputé et bien que de droite, il a tiré plusieurs fois la communauté de mauvais pas. Mais la plupart se plaisent dans la communauté, élèvent des chèvres et des abeilles, tissent des tapis et des vêtements, tressent des paniers et éduquent leurs gosses dans la plus grande liberté possible, celle qui s'arrête où commence celle des autres. En ce 31 décembre 1999, le village est recouvert d'une épaisse couche de neige et toute la communauté est réunie autour du four du boulanger et lorsque le soir tombe, ça chante et ça discute à qui mieux mieux. Dans l'arrière salle une jeune fille accouche à genoux à la manière des indiens et ne souffre pas plus qu'à l'hôpital... Une conversation revient souvent, la proposition d'un jeune membre de la communauté d'acheter un four solaire, pour améliorer le confort du village. En effet, ici, point de chauffage hors du feu de bois et on s'éclaire à la bougie. Discussion très animée, il y a ceux qui sont pour, et les farouches opposants, parmi lesquels les créateurs de la communauté qui font office d'ancêtres. Et pourquoi pas la radio ? Qui sonnerait la fin du village... La liberté de penser étant totale, un petit groupe chausse des raquettes pour aller assister au village à la messe de minuit, ignorant tout de ce qui est censé se passer à minuit : la fin du monde ! tandis qu'autour du four circule hydromel et joints. Il est vingt-trois heures vingt-cinq, c'est une soirée comme les autres. Larzac, 1er Janvier 00.02 ; la nuit est plus profonde encore que d'habitude et tout le camp est endormi. Est-ce que la fin du monde n'a lieu que pour les gens qui sont au courant ?

Tweeter

Suivre @blackoutedition

© Black-out


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Blackout 292 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines