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Les moissons du ciel

Publié le 07 avril 2014 par Dukefleed
Les moissons du cielEntre le cinema et la peinture
1916 au EU, ce pays est jeune, dynamique en pleine croissance et tenu loin du conflit mondial sévissant en Europe. L’emploi est facile à trouver. Le jeune Bill, Abby sa petite amie qu’il fait passer pour sa sœur pour conserver son amour secret et sa jeune sœur, quittent les emplois industriels de Chicago pour la campagne. Au Texas rural, malgré la mécanisation de l’agriculture, cette activité nécessite encore une nombreuse main d’œuvre. Dans une immense exploitation tenu par un fermier célibataire, riche et condamné par une maladie incurable ; Bill pousse sa petite amie à succomber aux avances du maître des lieux afin de faire banco.Tous les ingrédients du mélodrame sont présents dans ce film : passion, sincérité, ambition, trahison,... autour d’un triangle amoureux traditionnel. Peu d’innovation scénaristique dans ce film, la trame est même très proche de « La balade sauvage ». L’intrigue est simplifié à outrance : deux mâles s'observent, se jaugent, se jugent à la frontière du pouvoir, Bill pense que sa petite amie l'aime plus qu'elle n'aimera jamais le propriétaire terrien, ce dernier veut être aimé uniquement pour lui et pas pour son argent que convoite Bill. Pour illustrer le propos, Terrence Mallick s’appuie une fois encore sur une voix off distancée et sans affect ; là, c’est la jeune sœur qui s’y colle. Elle est donc le personnage que l’on suivra au-delà du terme de l’histoire des trois protagonistes principaux ; malgré que son sort nous importe peu, son impact étant tellement limité. Le pire est que les trois personnages principaux nous laissent de marbre. En effet, dans sa démarche panthéiste ; Mallick met la nature au cœur de son propos, elle est l’élément intangible, les hommes sont les petits insectes (souvent filmés de près) avec lesquelles elle joue. De fait, l’objectif affiché est que la forme sublime les dialogues et que l’intrigue est définie par les images et non le texte. Comme d’habitude donc chez lui, le jugement divin s’abat sur les hommes quand ils nourrissent des sentiments négatifs. Là ce sont les sauterelles géantes qui viendront dévaster l’exploitation agricole. Dieu punit les hommes ; Mallick et son penchant pour la loi divine. C’est quand même la grande limite du cinéma de Mallick à mon sens, les personnages manquent d’épaisseur et les histoires restent donc convenues. Dans Critikat, pour montrer la « branlette » intellectuelle des critiques à propos de Mallick : « Richard Gere retrouve alors sa fiancée, et en lieu et place d’un dialogue qui ne pourrait être que convenu, on a un plan fixe sur une plante, sur une végétation domestiquée, qui illustre à la fois le pouvoir vain de l’homme sur la nature, qui ne peut la réduire qu’à la dimension d’un pot de fleurs, et la stagnation d’une relation amoureuse vouée à la disparition. Qui oserait encore parler de manque de profondeur psychologique ? ». Alors que pour moi, oui, ce film souffre de grosses ficelles et de grosses faiblesses concernant la psychologie des personnages.
Reste que chez Terrence Mallick, chaque plan est d’une beauté foudroyante ; certains comparent ses plans à de la peinture flamande ; pourquoi pas. La profondeur de champ, les plans larges, les mouvements de caméra et l’éclairage participent à une peinture magnifique de cette époque. Un film très pictural : une merveille primée aux Oscars pour sa photo ; logique. Ensuite, ce film permet de se faire une idée assez juste du monde du travail de l’époque.
Comme « Le fille de Ryan » de David Lean ; déception scénaristique mais éblouissement visuel et sensoriel.
Sorti en 1978

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