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Le jeu des ombres de Louise Erdrich en poche !

Par Theoma

Le Jeu des ombres

"Tomber amoureux c'est aussi tomber dans l'état de connaissance. L'amour durable survient quand nous aimons la majeure partie de ce que nous apprenons sur l'autre, et sommes capables de tolérer les défauts qu'il ne peut changer."

Ils s'aiment, s'aiment-ils ? Oui, ils s'aiment. S'aiment-ils vraiment ? Oui mais terriblement mal.

Louise Erdrich démontre une nouvelle fois sa maîtrise narrative. L'histoire nous happe, la tragédie est en marche, le lecteur y assiste totalement impuissant. Elle est vraiment forte Louise. Bon, elle a une vision du couple assez terrifiante mais il faut saluer son talent de mettre le doigt là où ça fait sacrément mal.

Les fissures, les failles, elle les creuse jusqu'au sang. Elle déterre la saleté, celle que l'on cache vite sous le tapis avant que les invités arrivent. L'auteure l'exhibe sur la place publique, regardez les secrets honteux! Prenez acte de la nudité, ne fermez pas les yeux!

Les pages hantent encore longtemps, elles laissent une emprunte irréversible. Le roman est âpre et puissant. La vérité des personnages, la vie intérieure d'Irène, héroïne malgré elle, qui s'essaie au jeu de la manipulation et des apparences.

Prendre la distance nécessaire pour assimiler la réalité, accepter de lâcher prise, fuir l'autre pour être à part entière, l'amour vampirique, quand la relation devient toxique, la souffrance d'assister au désamour de l'autre, la peur de le perdre, le recours à la violence pour l'empêcher de partir. L'obsession et la possession.

Sombre, sur un fil, remuant, une écriture subtile, dense et résolument féminine. Une claque.

Le livre de poche, 264 pages, 2014, superbement traduit de l'anglais par Isabelle Reinharez

Extrait

« Les femmes indiennes, quel que soit leur pourcentage de sang indigène, choisissent très soigneusement les hommes avec qui elles ont des enfants, pas seulement à cause des gènes et tout ça, mais pour des questions d’appartenance tribale et d’avantages accordés par le gouvernement, en vertu des traités, qui peuvent aller jusqu’à la priorité pour l’entrée à l’université. Avoir des enfants, c’était la grande affaire. »

Bien d'autres avis : Babelio


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