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Her

Publié le 09 avril 2014 par Dukefleed
Her
Homme de chair et femme de bits


Los Angeles dans un futur tellement proche que ce monde ressemble terriblement au notre, un homme largué par sa femme et malheureux va trouver l’amour où il ne l’attendait pas. Il fait l’acquisition d’un système d’exploitation (O.S. in english pour Operating System) avec une voix féminine envoutante et sensuelle. Et oui, c’est celle de Scarlett Johannson. Il tombe sous le charme de son ordi ; incroyable. Mais dans ce monde, il n’est pas le seul à entretenir ce type de relation ; les gens sont seuls. Theodore forme donc un couple mixte (OS-Humain) et se véhicule en société avec sa chérie OS ; une parabole de l’acceptation de toute forme de mixité amoureuse (homosexuel, religion, carnation,…). Il s’agit donc d’un brokeback mountain 2.0 en fait.Flippant, mélancolique, pessimiste sont les adjectifs qui me viennent à l’esprit en sorti de salle. Ce film met bien l’accent sur la moderne solitude ; tous ces gens vivant des relations virtuelles sur des réseaux sociaux, toujours connectés aux autres mais bien protégés derrière la technologie et qui partagent peu de tranche de vie avec leurs semblables. Spike Jonze fait un film d’anticipation, donc il va un peu plus loin ; il décrit cependant un monde déjà bien actuel où les interactions entre les êtres sont dénaturés (chacun parle à son smartphone) par une abondance d’outils de communication ; et on ne communique plus avec ses semblables. Une des scènes finales où le héros prend conscience de tout ceci est glaçante. L’homme moderne est présenté comme aliéné par la technologie où le lien humain disparait au profit d’outils ; çà donne envie de balancer son portable en sortant le la salle. Spike Jonze montre en plus un Theodore qui lui a pour job de rédiger des lettres d’amour pour de multiples clients d’une société commercialisant une denrée devenue rare : les sentiments et l’écriture. Anticipation ; cette société n’est-elle pas déjà la nôtre ?Après, son histoire d’amour avant gardiste est en fait assez conventionnelle, et comme elle est totalement désincarnée, on a beaucoup de difficulté en tant que spectateur à y adhérer. La romance manque d’ampleur et souffre de longueurs. Il faudra attendre la fin du film pour être surpris à nouveau par deux astuces scénaristiques hyper malines. Attention pour ceux qui ne l’ont pas vu. Tout d’abord, on n’envisage pas une minute que Theodore se fasse larguer et bien si, de plus le motif de la rupture le ramène à sa condition d’Humain. Et c’est le côté positif du film. Ensuite pour le côté pessimiste, c’est qu’il n’a jamais connu la plénitude amoureuse avant cette relation ; une relation humaine ne pourra jamais autant le combler. Spike Jonze nous dévoile ensuite de qui l’OS est amoureux. Et là çà prouve juste que l’homme ne pourra jamais rivaliser avec une intelligence artificielle mais çà ouvre aussi des perspectives sur l’immortalité. Un philosophe mort reprend vie devant nous, l’ordinateur a su le recréer au vu de toutes les infos glanées sur lui dans la connaissance universelle. Sidérant et enivrant. Kubrick avait déjà exploré la piste du logiciel informatique doué de sentiments avec Hal de « 2001… » ; mais Jonze lui choisi la voie de la science fiction romantique. A noter un Joachim Phoenix, de tous les plans, remarquable qui nous transmet avec justesse tous ses sentiments du rire aux larmes sans lyrisme, avec justesse et d’un appoint confondants.En conclusion l’histoire sentimentale est trop désincarnée pour paraitre crédible ; un OS aussi performant aurait bien pu se créer un hologramme pour sentir un corps qui lui fait défaut plutôt que de passer par le stratagème ridicule du corps emprunté. Scène assez risible. Mais le film est à voir pour l’analyse de la nouvelle donne flippante des rapports humains.
Sorti en 2014

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