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[Chronique] Chuck Inglish – Convertibles

Publié le 09 avril 2014 par Wtfru @romain_wtfru

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(Sounds Like Fun Records/Federal Prism Records)

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Il y a des artistes sur qui on aurait parié gros, leur promettant une grande et glorieuse carrière. Dans le rap plus qu’ailleurs d’ailleurs. Des mecs au talent certain, apportant quelque chose de nouveau dans un milieu en perpétuelle quête de mouvement. On peut citer un Papoose par exemple ou encore le collectif de producteur Sa-Ra. Puis c’est la désillusion, souvent commerciale, qui, en cette période de fast-food musical (je découvre -> je télécharge -> j’écoute -> je jette -> retour au départ), fait que n’importe qui au top peut être de retour dans l’anonymat le plus complet quelques mois plus tard. Et les Cool Kids en sont peut être les plus grandes victimes de ces dernières années.

Arrivé en trombe en 2008 avec l’EP The Bake Sale, le duo des « gamins cools » avait tout pour devenir le meilleur groupe de rap de la décennie suivante. Originalité, attitude, influences, style, The Cool Kids c’était le mélange parfait entre hiphop et pop culture. Sauf que les deux trublions, au lieu de sortir un premier album attendu au tournant et qui les auraient très certainement installé pour de bon, ont pris leur temps en multipliant les mixtapes et ne publiant que le dit-album (pourtant bon) trois ans plus tard. Autant dire une éternité qui a relégué les mecs au rang des espoirs déchus.
Et mis à part la fanbase, plus grand monde ne suit aujourd’hui les tribulations de Chuck Inglish et Sir Michael Rocks, malgré des sorties de solo et d’EP plus que corrects. A vrai dire, il était même entendu que ce serait le second qui ferait peut être le plus facilement son trou grâce à sa très bonne mixtape Premier Politics 1.5, bien reçu pour le coup à tel point que l’on pensait que le duo avait pris ses distances.

Pourtant, c’est bien le premier nommé qui pond le premier véritable album solo estampillé Cool Kids tout en assurant que le binôme existe toujours. Chuck, c’est à la base le producteur, le façonneur de son et pas forcément celui qui s’épanche le plus au micro. Une patte reconnaissable entre milles, à base de gros synthés électro et de basses old school. Que l’on retrouve avec plaisir sur les deux premiers singles mis à la disposition du public, Swervin, où l’on retrouvait le compère Sir Michael puis Came Tru/Easily avec Mac Miller et Ab-Soul. Deux énormes morceaux qui faisaient espérer un retour en force de l’esprit C.K. et enfin la reconnaissance méritée.

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Chuck Inglish – Swervin (feat. Sir Michael Rocks & Polyester the Saint)

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Chuck Inglish – Came Tru/Easily (feat. Mac Miller & Ab-Soul)

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Raté. En fait il s’agit d’arbres qui cache la forêt. Il suffit de jeter une oreille sur le vrai single officiel, Legs, en compagnie de Chromeo, pour comprendre l’objectif de l’album: rattraper le temps perdu en faisant des ventes de manière la moins compliquée possible. Et encore, Legs reste bien sympa avec ses airs funk-pop bien aidé par le duo canadien qui en fait un titre radio bien efficace. On sauvera également l’introduction Elevators et Hurt You Back, qui reste des essais de tube tout à fait respectable, mais alors c’est tout le reste qui déconne grave.

On peut nommer le hideux Mas o Menos, tentative de titre à consonance hispanique qui renvoie au pire des Pittbul de la Terre, ou encore Prism, sorte de morceau oriental produit par un Timbaland discount. Il y a aussi ces tracks anecdotiques, sans aucun intérêt que l’on oublie une fois la suivante enclenchée (Money Clip et son casting d’invités insignifiants ou le raté Attitude en compagnie du mielleux BJ the Chicago Kid).
Pire, Chuck a l’air complètement perdu au milieu de ce qu’il a lui-même tenté de mettre sur patte. Il n’apparait jamais seul sur un seul morceau et dès qu’il y a un featuring assez costaud, il passe carrément au second plan. L’interlude Game Time ne retient notre attention qu’au flow acéré d’Action Bronson alors que le joli titre final Glam appartient plus à son invité Chance the Rapper qu’à l’hôte des lieux. Constat assez terrible.

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Chuck Inglish – Hurt You Back (feat. Benny Cassette)

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Comment expliquer un tel plantage, un tel angle d’attaque, surtout provenant d’un artiste qui avait toujours su se montrer intègre jusque là dans ses choix de carrière ? Difficile à dire. L’envie trop pressante de rattraper le temps perdu, sûrement. Toujours est-il que cet album parviendra peut être à ses fins (et encore) mais ne redorera pas le blason Cool Kids pour autant. Si prise de risque il y a, on aurait préféré qu’elle soit un peu plus originale et maitrisée. Tout les jokers sont grillés désormais et le second album du duo prévu pour cette année est sans doute leur dernière chance. Et un nouvel échec – ce que l’on ne souhaite évidemment pas – scellerait leur sort pour de bon.

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Note:

2

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Tracklist:
1. Elevators (feat. Buddy & Polyester the Saint)
2. Swervin (feat. Sir Michael Rocks & Polyester the Saint)
3. Legs (feat. Chromeo)
4. Came Tru/Easily (feat. Mac Miller & Ab-Soul)
5. Attitude (feat. BJ the Chicago Kid)
6. Mas o Menos (feat. Cap Angels)
7. Money Clip (feat. Vic Mensa, Retch, Hassani Kwess & Sulaiman)
8. Prism (feat. Jane Hurtado)
9. Game Time (feat. Action Bronson)
10. Hurt You Back (feat. Benny Cassette)
11. Dream
12. Glam (feat. Chance the Rapper)

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