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Kanopé : à l'abri de la forêt mère

Par Hectorvadair @hectorvadair
Kanopé : à l'abri de la forêt mèreKanopé
Louise Joor

Delcourt/mirages
Mars 2014
Un nouvel auteur dans la grande famille de la Bande dessinée, cela est toujours remarquable, surtout s'il s'avère que cet auteur délivre son premier album, et se fait signer par un grand éditeur.
C'est le cas avec Louise, bruxelloise de naissance, et jeune femme plutôt charmante (vue sur quelques photos Internet), qui fait son entrée tonitruante mais en même temps à pas bien pesés dans l'univers de la science-fiction verte.
"Verte", car en effet, son tout premier album, du nom de l'héroïne qu'elle a créée : "Kanopé", fait aussi référence à la végétation, très dense, d'une histoire se déroulant dans une Amazonie futuriste, oppressée par les restes radioactifs d'une guerre mondiale déclarée 119 ans plus tôt.
Nous sommes en 2137, et ce qui reste de la jungle amazonienne appartient toujours à la nature, quelque peu modifiée par les radiations, mais aussi à quelques êtres humains, se faisant appeler "le peuple", qui vivent dans une sorte d'harmonie retrouvée avec les éléments naturels. Kanopé, devenu orpheline, vit elle à l'écart de cette tribu, survivant de la chasse, dans la cabane de ses parents perchée en haut des arbres.
A l'extérieur de cette zone dangereuse, et non aseptisée, le reste de la population survivante, devenue un peu folle, ingère des pilules en guise de repas, et est tombée dans une sorte de société répressive peu reluisante.
Kanopé : à l'abri de la forêt mèreJean, un informaticien hacker issue de celle-ci, trouve refuge in extrémis et en catastrophe dans ce milieu verdoyant mais hostile,  afin de fuir ses poursuivants.  Sa rencontre avec Kanopé va changer sa conception de la vie, tout comme le destin des hommes.
…On aborde Kanopé avec plaisir, grâce au dessin agréable et rond de son auteure. Les couleurs douces nous invitent à la lecture, et le découpage efficace de la demoiselle empêche toute digression.
Le scénario quant à lui se révèle très intéressant, et sa base post-apocalyptique dévoile des idées et solutions, qui font le fruit, c'est le cas de le dire, de cette aventure, sans utiliser les poncifs de la fantasy à la mode. Kanopé serait à cet égard davantage à rapprocher d'un Tarzan moderne, sans la relation aux singes.

Kanopé : à l'abri de la forêt mère

Kanopé/Louise ?


En 124 pages, c'est le format que Louise a trouvé pour raconter sa belle histoire, l'auteure mêle réflexions sur la préservation des espèces (clin d’œil au passage à princesse Mononoké ?), au respect de la nature, à l'identité humaine, aux problèmes de radiations, tout en abordant les sujets du deuil et de la vie en solitaire.
Le mérite de Louise Joor réside donc dans le fait d'avoir su créer en solo un premier album de grandes qualités, qui arrive à émouvoir. C'est un atout rare, qu'il faut souligner.
Un album chaudement recommandé, et tous publics.
Nb : la première édition est accompagnée d'un ex libris de Philippe Buchet, qui signa aussi une préface.
Voir la blog de Louise, où elle nous livre un petit reportage sur la fabrication de son album.
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