Magazine Politique

La gauche adversaire

Publié le 11 avril 2014 par Vogelsong @Vogelsong

« Non. Quittons l’idée que la misère est fatale. Oui, elle est l’oeuvre des hommes et les hommes peuvent la détruire. » Bruno Tardieu d’ATD Quart Monde

«  il faut aller vers davantage de flexibilité, et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au smic. » Pascal Lamy Socialiste

Il n’était pas attendu de François Hollande, candidat de la gauche au second tour de l’élection présidentielle de 2012, qu’il mette en place une république sociale et égalitaire. En lorgnant sur la trajectoire politique du socialiste, il était net que son cheminement ne le conduirait pas (et le pays avec lui) vers un modèle de société (plus) collective, (plus) solidaire. Or d’où vient l’immense déception de ce quinquennat ? De quel bois serait fait ce nouveau socialisme issu d’un dol politique probablement inédit ?

politique PS Manuel VallsLa réponse parait assez claire. Elle vient du fait que François Hollande et le cénacle de professionnels de la gestion politique qui l’entoure poussent le corps social (qui recouvre le corps électoral) loin dans ses retranchements. Il a pris le pari que toutes les valeurs que l’on pouvait attendre d’un homme de gauche s’avéraient aujourd’hui caduques. Il a fait sienne chacune des propositions servies par la pensée dominante depuis le début des années 80. Celle des Alain Minc et autres ersatz de penseurs médiatiques plus ou moins recommandables.  Dont le récit politique tourne autour du paiement d’une dette et de la compétitivité et pour seul horizon la bagarre du tous contre tous.

On pouvait raisonnablement attendre quelque chose du changement, après l’interminable moment sarkozyste. De petits riens, comme un statu quo en matière de régression sociale, l’abandon de l’hystérie patronale pour revenir à de rapports plus sains entre pouvoir politique et pouvoir capitalistique. Enfin et peut être le plus important, admettre que les dysfonctionnements de la société, comme la misère, le chômage, l’exclusion sont dus à la volonté et aux actes de certains au détriment d’autres. Et non pas à un ordre spontané s’abattant impitoyablement sur les moins compétents ou capables.

Rien de tout cela n’a eu lieu. La gauche qui gouverne s’attèle à pérenniser une vision et une organisation sociale prédatrice. Sans en atténuer les conséquences. La social-démocratie version 2014 est un instrument politique tout aussi brutal que le sarkozysme ou le balladurisme. Il fait fi des rapports de classes, de domination, de la misère mais surtout des causes. Le socialisme de 2014 a intégré la dépersonnification des conséquences du système économique. Comme ses successeurs souvent de droite, la masse informe appelée population (ou les échéant électeurs) constitue un adversaire qu’il faut au mieux dresser, (ou) au pire gérer. 

On attendait une trêve, une respiration en élisant un socialiste. La France s’est parée d’un quarteron de belliqueux totalement rangés derrière la grande idée de guerre économique. Ils ont décidé semble-t-il, vague après vague de vider de son sens l’idée de même de gauche.

Vogelsong – 9 avril 2014 – Paris


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Vogelsong 2657 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines