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Alberto Lombardo : Tuer Phèdre

Publié le 27 mars 2014 par Lebouquineur @LBouquineur

Alberto LombardoAlberto Lombardo, né en 1964, est un auteur dramatique et acteur français contemporain. Il a suivi sa formation théâtrale aux Conservatoires d’Art Dramatique de Saint-Etienne et de Lyon ainsi qu’aux Ateliers Antoine Vitez au Théâtre National de Chaillot. Ses pièces, une vingtaine, sont représentées principalement en France et au Québec.

« Un metteur en scène célèbre est à la recherche du jeune comédien idéal pour monter Phèdre de Racine, seul avec lui. L’audition théâtrale se transforme en intrigue passionnelle. Les alexandrins de Racine et les thèmes abordés dans la tragédie alimentent la relation du metteur en scène et du comédien, décrite sans ménagement. Les deux hommes s’attirent, s’affrontent et se trahissent au nom de l’art et de la passion. »

L’auteur m’a proposé son nouveau texte, Tuer Phèdre, et j’ai accepté de le lire et d’en rendre compte. Sacré challenge pour moi, car je reconnais que le théâtre ne fait pas partie de mes lectures habituelles. Mais partant du principe qu’aucun art n’a de public réservé, à défaut de connaissance particulière sur le sujet je ferai valoir mon honnêteté intellectuelle pour en parler.

J’avais donc une légère appréhension avant d’entamer ma lecture mais elle s’est vite dissipée, tant le texte est riche d’enseignement. Globalement il y a deux axes de réflexion dans cette pièce qui se déroule sur deux journées mais trois parties. Premièrement, il s’agit d’un véritable bréviaire pour les jeunes comédiens, ou un cours de théâtre absolument passionnant pour le néophyte comme moi. Alberto Lombardo (Le metteur en scène, obnubilé par le désir) nous place au cœur de l’essence même du jeu d’acteur, distillant ses conseils à ce jeune homme (le jeune acteur, animé secrètement par un désir de vengeance) qui se présente pour postuler au rôle de Phèdre, dans la pièce qui va se monter, « Tel doit se comporter le comédien : se défaire des préjugés, affronter ses peurs, se donner sans réserve. » Tout en se réservant le droit d’émettre des critiques « …je te prédis un grand avenir au milieu de cette jungle dénaturée… »

Deuxièmement et principalement, il y a le désir, le sentiment le plus puissant qui régisse nos vies. Oscar Wilde disait « Il y a deux tragédies dans la vie : l’une est de ne pas satisfaire son désir et l’autre de le satisfaire. » C’est de cette contradiction qu’est faite la pièce, de la relation amoureuse, de la difficulté d’aimer et de se réaliser. L’auteur nous entraine dans un scénario retors avec retournements de situation, où s’affrontent – car il y a affrontement - deux hommes portant le même nom de famille, le maitre et l’élève (Master and Servant chantait Depeche Mode) l’un jouant un rôle de femme dans la pièce mais aussi deux hommes dont les liens professionnels vont glisser vers des liens amoureux, « il » et « elle » se mêlant dans une mise en abime spectaculaire autant qu’étourdissante voire affolante car la thèse du désir comme moteur premier dans le jeu d’un acteur, portée à son paroxysme ou au bout de sa logique, est assez effrayante.   

Si le théâtre n’existe que par la scène, il faut nécessairement en passer par le texte écrit. J’ai lu la pièce plusieurs fois, particulièrement la toute dernière partie qui m’a semblé complexe car laissant – pour moi – ouvertes plusieurs interprétations possibles. Qui du metteur en scène ou de l’acteur en sort vainqueur ? Ou plus précisément, laquelle de leurs deux attitudes est la plus juste, la plus  morale… ? 

  

Alberto Lombardo
Alberto Lombardo Tuer Phèdre  Editions Le Solitaire - 99 pages –


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