Magazine Conso

Rouleau Kompressor

Par Jb
medium_nadal.jpg "Chiant comme du Nadal". Cela pourrait devenir une expression qui passe dans le langage courant.
Entendons-nous, je n’ai absolument rien contre Rafael Nadal, il faut reconnaître qu’il joue bien le bougre, je sais même qu’il est l’idole des filles qui s’intéressent de plus ou moins près au tennis – comme le fut, en son temps, André Agassi (crinière sauvage blonde et brune, le poil très long, la sueur intense, les maillots fluos, hum on s’en souvient hein ?).
Mais Nadal est symptomatique d’une chose : de l’absence de suspense qui s’est abattu sur le tournoi de Roland Garros, de la sensation de fatalité qui ne fait plus croire à l’imprévu, à la dispute. Ce serait tellement facile de comparer le rouleau compresseur Nadal au rouleau compresseur Sarkozy, même sentiment que tout est joué d’avance, que rien, absolument rien, ne renversera le cours du jeu.
Et puis non, soyons exact : face à Federer, le number one (oui mais pas sur terre battue), on ne sait jamais, Nadal peut vaciller, alors que Sarko lui, qui va le faire vaciller ? Il n’y a aucun Federer face à lui.
Bref la demi-finale contre Djokovic nous avait vaguement fait espérer quelque chose dans les deux premiers sets. C’est qu’il jouait bien le Serbe, du style, il montait au filet, un certain humour aussi et une certaine décontraction dans sa façon d’applaudir les coups de son adversaire (il n’en revenait pas lui-même le pauvre de la solidité et de la réussite conjuguées de Nadal !), dans sa façon de regarder le ciel et de se signer sans plus vraiment y croire.
Malgré ce beau jeu, malgré ces tentatives, il avait en face de lui la muraille espagnole : le type qui ne bougeait presque pas de son fond de court, qui se "contentait" de tout remettre et bourrinant comme un malade pour épuiser l’adversaire et mieux le briser. Tactique comme toujours payante. Après avoir tenté d’accrocher (7-5 puis 6-4) les carottes étaient cuites : effondrement dans le troisième et dernier set pour Djokovic qui n’avait pourtant pas démérité.
Certains interprèteront la domination écrabouillante de Nadal et Federer (on pourrait dire la même chose chez les femmes avec Justine Hénin qui n’a pas laissé l’ombre d’une chance à sa rivale lors de la finale d’hier) comme la fin du sport. Enfin, la fin de "l’esprit du jeu" avec des colosses devenus plus ou moins infaillibles, des "professionnels" qui prennent d’autant moins de plaisir qu’ils sont conditionnés à gagner, robots tennistiques.
Il est vrai qu’on peut être tenté par cette analyse. Mais il faut relativiser : après tout les Espagnols et Roland Garros, c’est une longue histoire. Malgré certains joueurs qui sont parfois parvenus à mettre en veille leur domination (Jim Courier, Gustavo Kuerten pour prendre deux exemples pas trop éloignés) la terre battue c’est leur surface, ce qui fait qu’avec leur jeu peu spectaculaire mais solide, laminant, ils en ont découragé de flamboyants prétendants.
Ça me rappelle la frustration maximale que j’éprouvais en voyant jouer Arantxa Sanchez dans les matches féminins, finissant, à force d’obstination, par user ses adversaires.
Alors Roland Garros, le tennis, et plus généralement le sport, "ça n’est plus ce que c’était", ou est-ce que ça n’a jamais rien été, ou est-ce que ce sera à nouveau ? Est-on gagné, ici comme ailleurs, par une sorte de nostalgie pour un objet idéalisé qui n’a peut-être même jamais existé, ou assiste-t-on réellement à un phénomène qui ne va faire qu’aller croissant ? C’est la question inintéressante du jour.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jb 5 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte