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Lafarge-Holcim, une fusion, quels enjeux ?

Publié le 15 avril 2014 par Edelit @TransacEDHEC

Quand Mittal a pris le contrôle d’Arcelor, il a choisi le Luxembourg comme siège social. Quand le français Aerospatiale Matra, l’allemand Dasa et l’espagnol Casa ont fusionné pour créer ce qui est maintenant le groupe EADS, c’est en Hollande qu’ils ont décidé d’abriter leur siège social. Publicis a fait de même lors de son rapprochement avec Omnicom. On remarque alors que la plupart des fusions transfrontalières récentes ont choisi un  pays autre que la France pour y installer leur siège social. Est-ce le fruit d’un pur hasard ? Ou ceci est-il dû à une raison intrinsèque à la France ?

Officiellement, le nouveau groupe né de la fusion entre Lafarge et Holcim a promis de respecter l’identité, la culture et le style de management de chacun des deux camps. Dans la pratique, le siège social de la nouvelle entité ne sera toutefois plus à Paris mais à Zurich. Aujourd’hui, dans l’euphorie entourant cette union, son aboutissement donne officiellement lieu à un groupe de nationalité franco-suisse. Mais, dans quelques années, une fois l’excitation passée, quand se posera le problème de choisir un nouveau PDG ou de réduire les unités industrielles, le géant du béton ne risque-t-il pas d’être davantage suisse que français ? Ne risque-t-il pas de favoriser des fermetures d’usines en France plutôt qu’en Suisse en raison d’une législation et d’une fiscalité françaises un peu trop contraignantes au regard des défis qui s’imposent aux grandes multinationales ?

Vrais piliers de l’économie française, les multinationales tricolores méritent toute notre attention et même plus. Ce sont elles qui créent des emplois en tout genre en France. C’est autour d’elles que se développe un cercle économique vertueux. La bonne santé du CAC 40 en bénéficie à Paris et, dans le sillage de leur expansion internationale. Elles tirent vers le haut l’économie française à l’échelle de la planète. Il faut admettre que, quand un groupe du CAC devient un petit peu moins français, le risque est que la France profite un peu moins de son succès et souffre un peu plus de ses potentiels échecs.

Mais au-delà des avantages ou des désavantages pour l’économie française, cette fusion soulève plusieurs questions. En effet dans un marché du ciment qui souffre de surcapacités productives, on est à même de se poser la question suivante : «Quel est l’intérêt d’une fusion qui a pour but de produire plus dans un marché déjà en surcapacité ? ». On doit garder en tête que les deux groupes ont été plusieurs fois condamnés de ce qu’on appelle, en droit de la concurrence, des ententes illicites ou plus vulgairement des cartels, et qui consistent le plus souvent à se mettre d’accord pour monter les prix sans que cela ait un impact négatif sur les ventes. Affaire à suivre donc …

E.M.B


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