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Heureuse nouvelle

Par Gentlemanw

Ce soir, j'ai découvert que j'avais un père !

Oui, je vois déjà les sourires sur vos visages, mais la vie est ainsi faite, je viens de tourner le clef d'une porte secrète, sans même le savoir, sans même l'avoir demander. Je suis là dans cette cuisine tranquille, entre une salade de sucrines et deux croque-monsieurs. Ma mère pleur a côté de moi, et je suis un peu perdue, le regard dehors sur le jour qui embrasse la nuit. Et pourtant rien ne prédestinait cette journée à ce final si étonnant. Ici pas de banlieues sales, de carcasses de voitures ou de caricatures dégradantes d'une zone que l'on laisse s'éffriter avec le temps, avec les générations de chômeurs. La résidence est calme, j'ai grandi ici, dans ces murs, jeune enfant qui courait dans le square voisin, si calme ce soir. Adolescente qui a donné ses premiers baisers, furtifs avant de monter l'escalier en courant, sans un mot à un grand brun perdu lui aussi dans ses émotions, puis étudiante, entre métro et sorties, balades et révisions. Un lieu tranquille comme ce soir, d'ailleurs depuis six ans que je vis avec mon compagnon, dans notre nouvel appart, avec une déco très "jnut" et des touches girly, avec nos deux boulots de cadres comptables, je suis heureuse de venir une fois par semaine voir ma mère.

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Mon copain fait sa soirée bowling ou foot avec les amis et moi, je sors pour papoter, pour du shopping avec ma mère. Une complicité naturelle et sans heurts depuis que nous nous sommes installés ici, il y a si longtemps, juste nous deux. Une maman discrète, qui gagnait sa vie comme juriste dans un cabinet parisien, toujours présente, toujours féminine dans son allure. Elle m'a donné des libertés et des droits, des valeurs féministes en plus, mais avec toujours des sourires en regardant mes choix, en caressant mes cheveux comme par habitude depuis ma jeunesse, rassurée de ma réussite, de ma vie de femme heureuse. D'ailleurs ce soir, je viens de lui parler de la demande en mariage que j'ai reçu avec une bouquet énorme de pivoines. Elle pleure.

Et elle a respiré pour me parler de lui, cette pièce manquante à laquelle je n'ai jamais porté plus d'importance, comme un acquis ou un silence implicite. Il n'a jamais été là. Proches, familles ou grands-parents, personne ne faisait la moindre référence, un vide naturel, d'autant plus que mes cousins avaient eux des pères, des beaux-pères, des frères et soeurs, des demis et des demies, des liens composés et recomposés qui compliquaient les fêtes de famille. Nous rien n'était complexe, on venait, on mangeait, on riait, on revenait à cet appartement. Ce soir, elle est heureuse à en lâcher toutes ses larmes accumulées, mais elle souhaite me dire qu'il y a un homme, que j'ai un père. Et que de plus cet homme, même si je ne l'ai jamais vu, il est vivant.

Pour elle, pour sa paix intérieure peut-être, elle devait me donner cette liberté de l'avoir à mon mariage, de l'avertir de cet évènement, de le savoir là dans l'ombre. Un homme qu'elle a aimé. un homme qui lui donna des palpitations, l'aima en retour, qui devint ainsi mon père. L'histoire, elle ne veut pas en parler ce soir, une séparation ne doit pas être au menu d'une nouvelle pour un mariage. Mais de mon envie de devenir mère ensuite, après comme souvent, elle en a déduit ce besoin de me dire que j'avais eu un père. Que j'ai un père, un nouveau présent !

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Que le printemps est étrange cette année, il m'apporte une moitié, non pas manquante, mais induite à ma création, comme un cadeau oublié sous le sapin, comme un retard programmé, une fleur tardive qui naît avec ce soleil. 

Et maintenant que vais-je faire ?

Nylonement


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