Magazine Sport

Via de la Plata. Étape 18: a travers la Salabrie

Publié le 16 avril 2014 par Sylvainbazin


Aujourd'hui, mes pas m'ont porte a travers la Salabrie. Une petite region, encore en Castille mais proche de la Galice ou j'entrerai demain. Une region ou déjà j'ai pu admirer de belles maisons de pierres, ou la vegetation est plus verte, et aussi moins avancee que dans les regions ou je suis déjà passe depuis mon depart de Seville.
C'est d'ailleurs ce qui m a frappe ce matin, en traversant mon premier bout de foret: je retrouve ici encore des chenes verts, mais ils sont moussus et surtout, pas encore en feuille. Ici les arbres bourgeonne encore, quelques feuilles vert pale se detachent ici ou la. Les arbres fruitiers, nombreux dans les villages, sont en fleurs. Je pense a mon voyage au Japon, il y a bientôt un an déjà. J'etais arrive a la fin des sakuras. Ici le printemps commence. La region est reputee froide, ceci explique cela, mais je me rends ainsi compte materiellement de mon parcours. En remontant ainsi vers le nord, je suis presque remonte aussi dans le temps, en tout cas au niveau du cycle naturel.
Mais cela me donne plutot le sourire: cette vegetation plus verte, plus oceanique, les fleurs bien plus nombreuses, est une agreable difference.
De même, en observant les maisons, je ressens bien que je me rapproche de la Galice, du pays celtique. Hier encore, les maisons etaient de briques rouges, avant, au debut de mon voyage, les facades etaient presque uniformement blanche. L'architecture est comme la nature, elle varie d'une region a l'autre, on s'en apercoit bien quand on traverse un pays a pied. Cela m avait déjà frappe en France, notamment sur ma Via Francigena.
Cependant, je ne suis pas totalement absorbe par ces considerations et par la contemplation de cette nature un peu differente, ce matin. En effet, des soucis bien plus terre a terre m'absorbe un peu: le chemin est beaucoup moins bien indique qu'a l'habitude et mon guide est souvent depasse par la situation. Des travaux perturbant, une nouvelle fois, a certains endroits le trace normal, je ne peux pas trop lui en vouloir. Mais bon, même la ou le chemin n'a sans doute pas connu de modifications recentes, c'est souvent de vieilles fleches, ou pas de fleches du tout, qui me guident par endroits. Des la sortie du village Mombuey, je tournicote ainsi dix minutes avant de retrouver le bon sentier.
Après une premiere traversee de bois, je ne suis plus sur de rien. D'autant que sur la carte dont je dispose la route nationale apparait clairement, mais l'autoroute, sans doute recente, beaucoup moins. Cela ne me facilite pas la tache lorsque je dois passer en-dessous ou au-dessus.
Mais les gens de Sanabrie ont l'air bien gentils et aimables: je croise une voiture ou un vieux couple s'empresse de m'indiquer le bon chemin. Un peu plus tard, dans un autre petit village, il en sera de même. On me souhaite aussi tres gentiment bon voyage. Il faut dire que le pelerin se fait curieusement rare: je ne doublerai aujourd hui qu'un jeune homme, l'air plutot du nord de l'Europe.
Je traverse beaucoup plus de villages qu'a l'habitude. Cela dit, la region est tres rurale et peu peuplee: de grandes landes, couverte de bruyeres, succedent aux bois de chenes verts et couvrent les collines. Les montagnes enneigees sont maintenant toutes proches.
Ces villages sont bien beaux, avec leurs maisons de pierre et leurs eglises aux beaux clochers, leurs crucifixs qui evoquent déjà vraiment un pays celte, mais ils semblent aussi souvent bien abandonnes. Dans l'un d'eux, je compte ainsi bien plus de maisons en ruines que debout. Cependant, quelques habitations semblent refaites a neuf. De jeunes gens en sortent: il y a donc encore de l'espoir de voir ce beau paysage habite. Nous en discutions l'autre jour avec le proprietaire du gite de El Cubo de Vino: en Espagne, l'exode rural est toujours immense et la mode des "rurbains" n'est encore qu'embryonnaire. Mais on peut esperer que ces beaux villages de pierre ne perissent pas tout a fait.
Ca m'arrange aussi ces villages moins espaces: ils rythment ma progression, me donne des reperes. Mon etape est tout de même assez longue et même si au depart les jambes vont assez bien, mon allure est celle d'un pelerin un peu moins express et un peu plus fatigue. Le terrain est souple dans les sous-bois. Parfois, les arroyos envahissent le chemin: il a plu cette nuit et d'ailleurs le ciel est nuageux.
Je decide d'une petite pause dans un cafe bien place sur le coup de midi: une biere et une part de tarte salee, qu'on me fait paye fort chere pour la region. La biere est bonne mais en me relevant je sens comme une sensation un peu particuliere: je regarde de plus pres la bouteille et m apercoit qu'elle contient tout de même 8 degres d'alcool. Mes dix kilometres suivant sont du coup tout guillerets. Je crois que l'alcool, dans le cas de cette debauche de kilometres, va directement ou il faut, enfin disons les sucres de la biere ou du vin, et ne gene guere la progression. Enfin, je n'en abuse tout de même pas!
Cependant, je commence a nouveau a fatiguer davantage en approchant Puebla de Sanabria, la principale ville de la petite region. Son beau site fortifie se fait long a atteindre. Il domine la riviere mais je fais une nouvelle petite pause pour un micro-dejeuner tardif de quelques tapas, dans un bar ou les serveuses sont curieusement habillees comme elles le seraient si elles travaillaient dans certains etablissements en Thailande par exemple, ce qui ne semble pas perturbes les vieux joueurs de cartes et les familles attables la.
L'escalier qui mene au centre-ville est raide et totalement hors du trace, mais je m'offre tout de même ce detour pour admirer les eglises et le château.
Une fois redescendu, je retrouve le chemin, a peine indique. Il se perd d'ailleurs ensuite dans les meandres de la riviere et je dois suivre quelques kilometres la nationale. C'est un peu decevant.
Cependant je retrouve les sentiers forestiers pour les derniers kilometres. C'est agreable. Un chevreuil se dresse sur mon passage. Il semble un peu surpris de me voir. Peut-etre mon allure hirsute? Après le petit renard apercu pres de Salamanque, c'est le deuxieme animal sauvage que je rencontre. A propos, je vois beaucoup de chats depuis hier, alors que j'en avais tres peu vu jusqu a present. Ils ne semblent pas populaires dans le sud de l Espagne.
Cependant, c'est bien fatigue que je finis par atteindre , mon etape du jour. Vu mon heure d'arrivee et malgre la petite visite de Puenta, j'estime la distance globale a plus de 45 kilometres, il faudra que je verifie. Je dors encore seul dans un grand dortoir ce soir, le pelerin se faisant curieusement plus rare. Et demain, je suis en Galice!

--


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvainbazin 13085 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines