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Ce génial monsieur tout le monde

Publié le 12 novembre 2013 par Jcdelanier

STING

Ça s’écoute la tête posée sur la fenêtre d’un train, en marchant pieds nus sur une plage hors saison ou bien assis sur un banc, à l’ombre d’un arbre bienveillant.
C’est une succession de ballades douces et amères mâtinées çà et là de rythmes celtiques.
L’album « The Last Ship » (« Le dernier navire »), onzième du nom, est un récit en 12 chapitres écrit d’un trait par un homme qui se remémore d’où il vient.

Sting est né et a grandi à Wallsend, au bord de la rivière Tyne, à quelques encablures de la mer. C’est au nord-est de l’Angleterre, tout près de Newcastle. Londres est à 6 heures de route. Enfant, Sting voyait se construire sous ses yeux de gigantesques supertankers. Son père travaillait sur les chantiers navals avant que la crise ne l’oblige à devenir laitier.

A l’époque, dans les années 50-60, Sting s’appelait Gordon Sumner, fils d’une coiffeuse, aîné de 4 enfants. Son avenir, il l’imaginait ailleurs, autrement. Sans ces bateaux qui lui gâchaient l’horizon. Son envie de liberté ne venait pas du large, mais du conservatoire de musique où il s’essayait à divers instruments.

Au début des années 70, il devient maître des écoles. Un job pour esprit éclairé mais un job quand même. Pour manger et payer son loyer. Heureusement, il y a le jazz. Gordon joue dans des groupes, se produit le soir et les week-ends. Son énergie, il la déverse sur scène, durant des bœufs, ces moments de grâce qui ruissellent de sueur.

Une nuit de 1972, alors membre des Phoenix Jazzmen, il chante vêtu d’un pull noir à rayures jaunes. Ses amis le chambrent, le comparent à une guêpe et l’affublent du surnom « sting », qui signifie « dard », « piqûre ». La légende est en marche.

Elle s’accélère en 1977 lorsque Stewart Copeland, batteur de son état, le remarque dans un club et lui propose de monter un trio rock dont le nom reste à trouver. Ce sera The Police. La suite, on la connaît. 1979, l’album « Outlandos d’Amour », Roxanne et la gloire planétaire.

« Je suis devenu une star à 27 ans, j’étais déjà marié, père de famille, je roulais en 2 CV, j’avais des crédits à rembourser, bref, je menais une vie normale », explique-t-il aujourd’hui. Avec le recul, il estime que c’est ce qui l’a sauvé. « Si tout cela m’était tombé dessus plus tôt, je n’aurais jamais pu faire le tri entre ce qui bon et ce qui est mauvais ».

Aujourd’hui, il est grand-père, il n’écoute que du classique, il pratique le yoga et fait de longues promenades avec son chien.

En 1985, lassé par les tournées à répétition avec le groupe The Police, Sting se recentre sur sa famille et entame une carrière solo. Musicalement, il revient aux consonances jazzy de ses débuts et surtout, dans ses textes, il fait entendre ses idées. Ainsi, au fil des décennies, il se forge une image d’humaniste qui va bien au-delà de son œuvre.

En 1988, avec sa femme Trudie Tyler et le photographe Jean-Pierre Dutilleux, il fonde la Rainforest Foundation, dont le but est de préserver les forêts primaires ainsi que les peuples qui les habitent. Le monde découvre alors le chef Raoni, indien d’Amazonie dont la tribu est menacée d’extinction. Sting soulève des fonds, organise des concerts de charité, court les plateaux télé, harangue les politiques. Le gouvernement brésilien finit par céder et passe des accords territoriaux avec les indigènes. C’est un de ses plus grands faits d’armes.

Aujourd’hui, Sting est grand-père, il n’écoute que du classique, il pratique le yoga et fait de longues promenades avec son chien. « A 62 ans, je sais ce que je suis et je ne veux surtout pas prétendre être quelqu’un d’autre », dit-il dans une interview accordée au Figaro. L’album « The Last Ship » en témoigne : l’homme tire un premier bilan sur sa vie et porte un regard à la fois sombre et poétique sur ses premières années à Wallsend.

Le morceau And Yet (« Et pourtant ») débute ainsi :
Cette ville, cette tache sur le soleil levant
Cachée dans la brume du matin
8 heures, la mouette crie l’avertissement du marin
Ce ciel, cette courbe dans la rivière
Ralentit et me délivre
La marée descend
Et tous mes souvenirs
S’estompent en noir
Et pourtant, et pourtant
Je suis de retour

L’album « The Last Ship » va être adapté à Broadway en comédie musicale. Pour l’occasion, Sting a souhaité se mettre aux claquettes mais il a dû renoncer suite à un talon d’Achille défaillant (cf. Le Grand Journal). Ce n’est pourtant pas faute d’avoir entretenu son corps, cet écrin de l’esprit. Adepte depuis toujours de l’ostéopathie, des médecines douces et du tantrisme, il sait mieux que quiconque qu’il n’est pas immortel.

Nicolas Roiret
pour le Blog du Groupe


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