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Le langage amoureux et le français dans les films marocains !

Publié le 19 avril 2014 par Naim N
Le langage amoureux et le français dans les films marocains !

Dans le cadre d'un colloque international organisé par le laboratoire Laframa de l'Université d'Oran en Algérie, les 23 et 24 avril 2014, j'aurai l'honneur et le plaisir de partager une communication académique autour du langage amoureux et le français dans les films marocains.

Il est un fait notoire que les Marocains éprouvent un certain malaise avec la verbalisation de l’amour. La sociologue Soumia Naâmane Guessous, auteur de Au-delà de toute pudeur, un ouvrage référence sur la sexualité des Marocains, explique que ce malaise a des racines dans le rapport non-égalitaire entre les hommes et les femmes dans nos contrées. Elle raconte qu’il lui arrive « lors de conférences de demander aux membres de l’assistance s’ils disent kan 7ebek à leur compagnon ou compagne. En guise de réponse, le public, gêné, se contente de rire nerveusement. »
Une tendance apparait avec tranches de population appartenant à la classe moyenne voire aisée qui commencent à sortir peu à peu des schèmes sociaux traditionnels. Toutefois, le fait d’exprimer son amour reste empreint d’une « anormalité ». Certes, on verbalise sa tendresse et sa passion mais de préférence dans une langue étrangère, française de prime abord. Selon Soumia N. Guessous, « dire ‘je t’aime’ permet une distanciation qui est impossible en darija. ‘Kan 7ebek’ et ‘kan bghik’ possèdent une charge émotionnelle trop forte »
Le cinéma, miroir sociétal par excellence, va refléter ce phénomène. Dans un grand nombre de films marocains, le langage amoureux est hésitant, suggéré et distancié. Le recours à la langue française devient parfois comme l’ultime solution pour cette équation de la verbalisation de l’amour. Plusieurs personnages des films de Faouzi Bensaidi et de Driss Chouika, pour ne citer qu’eux, choisissent la langue française comme véhicule linguistique de l’expression amoureuse. S’agit-il d’une pudeur « cinématographique » ? Un complexe d’infériorité linguistique ? Un simple manque de créativité ? Des questions légitimes qui vont s’ajouter à bien d’autres encore, et qui vont essayer de nous guider dans la tentative de cerner la place du langage amoureux et son rapport avec la langue française dans les films marocains.


Rachid Naim, Faculté Polydisciplinaire de Safi, Université Cadi Ayyad de Safi
 


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