Magazine Culture

À la mode de chez nous

Publié le 27 avril 2014 par Wtfru @romain_wtfru

BANGLADESH-BUILDING-DISASTER-TEXTILE

Il y a un an de cela, presque jour pour jour, le Rana Plaza s’effondrait. Ce n’est ni une luxueuse tour dubaïote ni un centre commercial barcelonais, mais l’endroit où sont fabriqués ta fausse veste en cuir à paillettes, tes chaussures pointues dégeulasses, ton T-shirt sur lequel est imprimé le slogan « urban life, street love » et enfin ton jeans troué bleu et blanc. Le 24 avril 2013, ce n’est pas moins de 1 133 ouvrières et ouvriers qui ont trouvé la mort dans l’effondrement de cet immeuble de neuf étages à Dacca, capitale du Bengladesh.

Un an après, rien n’a changé.

Lorsque l’on passe devant les ruines encore chaudes, une vague odeur de putréfaction flotte dans l’air racontent les survivants de la catastrophe la plus meurtrière depuis l’accident de l’usine chimique  indienne de Bophal.    Aux dernières nouvelles, le propriétaire de l’immeuble devrait être inculpé de meurtre, mais les vingt-neuf grandes marques européennes qui avaient fait de cet immeuble leur atelier de confection ne sont pas inquiétées à ce jour. Gap, Zara, H&M, Auchan, Nike, Benetton, Primark,tous trempent dans cette histoire. Le gang des 29 comme nous pourrions l’appeler ont signé un accord « pour améliorer la sécurité et se montrent plus vigilantes sur ce point ».  Cependant, très peu de ces ateliers vétustes on été fermés à ce jour. Pour résoudre l’histoire et indemniser les victimes nous avons deux écoles. L’école Primark qui avec son flegme irlandais tente de faire oublier très rapidement cette histoire en reversant quelque 12 millions de dollars dont 9 directement aux victimes. L’école Auchan est beaucoup simpliste et provocante : « nous n’avons jamais passé de commandes sur le Rana Plaza et aucun lien direct ou indirect n’existe entre Auchan et les entreprises du site ; de plus nous ne pouvons contrôler la sous-traitance sauvage ». Radical et désinvolte.

Le Bengladesh est un réel atelier de couture à ciel ouvert. Il tourne désormais à plein régime avec comme principal moteur des ouvriers et ouvrières qui tentent tant bien que mal de maintenir leur conditions de (sur)vie. Derrière la prise de conscience générale suite à cette catastrophe rien n’a vraiment changé. Le Bengladesh reste le premier exportateur de textile du monde devant la Chine avec les salaires les plus bas de l’Asie du Sud-Est. La sous-traitance, résultat de capitalisme sauvage, organise les pays en strates bien distinctes : ceux qui produisent à moindre coût au bout du monde et ceux qui achètent au prix fort pour le plus grand plaisir des marques. L’idée d’une charte hypocrite ne répond pas aux réels besoins de trouver une solution à ce problème qui démonte sans ménagement tout espoir de commerce équitable, les bananes et le cacao Fairtrade Max Havelaar ne suffisant plus.

Tout le monde s’est senti intrigué et touché par « les 25 photos plus belles photos qui ont changé ma vie » dans lesquelles ont voit un homme et une femme scellé dans la pierre, enlacés l’un a l’autre et recouverts de poussière. Nos pensées vont aujourd’hui à celles et ceux qui après une session de soldes pensent que « mourir dans les bras de celle qu’on aime est tellement beau » et non pas aux familles des victimes. A elles, c’est notre respect que nous accordons.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Wtfru 11406 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine