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Cinéma: "Risate di Gioia" de Mario Monicelli (Larmes de joie)

Par Paulo Lobo
Cinéma: Grande émotion grâce au cinéma de minuit sur France 3 la semaine dernière (oui, oui, cette émission qui a bercé mes dimanches soirs cinéphiles des années 70 et 80). J'ai pu découvrir, émerveillé, une perle méconnue du cinéma italien. "Risate di Gioia" (Larmes de joie) est un film réalisé en 1960 par Mario Monicelli (l'auteur du célèbre "Le Pigeon"), avec trois acteurs exceptionnels : Anna Magnani, Totò et Ben Gazzara.On se retrouve dans une Rome vintage qui s'incarne miraculeusement sous nos yeux, avec ses rues, ses places, ses fontaines, ses voitures... Et ses gens,  pauvres et riches, pris dans la fièvre du réveillon de fin d'année. Au centre de toute cette effervescence, nous avons trois héros improbables, qui sont en fait des anti-héros, trois laissés pour compte de la société : Gioia Fabbricotti, dite "Tourterella" - Anna Magnani, extraordinaire, inoubliable - Umberto Pennazuto, surnommé "Infortunio" - clownesque et poignant Totò - et le pickpocket Lello - Ben Gazzara jeune, tout en élégance et cynisme. Les trois survivent tant bien que mal au moyen de petits boulots et combines, petits rôles à Cinecittà pour Tourterella et Infortunio, et petits vols pour Lello. On accompagne, fascinés, happés, amusés, émus, la virée nocturne de ce trio de paumés, qui continuent, malgré tous leurs déboires, à se battre et à croire en la vie. C'est plein de moments magiques et authentiques, plein de faconde et de gouaille, plein de mélancolie et d'amertume. On est dans la comédie italienne dans toute sa splendeur, on rit et en même temps on a le coeur serré. Car Monicelli n'épargne en aucune façon ses personnages, les laisse passer par des humiliations totalement cruelles et injustes - en tout cas Tourterella et Infortunio -, dont ils ne sortent jamais vraiment indemnes... On pense à Chaplin, à Keaton... Dans leur existence de losers, Tourterella, Infortunio et Lello essaient, chacun à sa façon, de garder une certaine dignité et l'énergie de poursuivre le chemin. Monicelli les raconte avec tendresse et amour, tout en les sachant perdus d'avance.Un film pur, vibrant, indispensable.
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