Magazine Culture

XXV. Récit des jours passés au bord de la route

Publié le 01 mai 2014 par Romuald Le Peru @SwedishParrot

Sur le bord de la route. Toujours un peu à l’écart.

Samedi 12.04

Si l’on devait se dire qu’il ne faudrait qu’une seule chose dans la vie sur laquelle on puisse fonder sa propre existence, un seul objet, ou plusieurs objets d’une seule nature, ce serait pour moi le livre. C’est par ici que passent la totalité de mes émotions, c’est le support de mes désirs. J’ai pour projet de mener la suite de mes recherches universitaires au travers des récits de voyage. Pour tout dire, la notion d’histoire de vie comme pratique sociale, dans laquelle on tente d’une manière assez tyrannique de m’enfermer au travers des interventions qui sont menées par la responsable du cursus, ne me convient pas. J’ai du mal à concevoir qu’on puisse tout encapsuler dans cette notion comme un point de départ qui vire à la névrose. Bourdieu dénonçait l’illusion biographique, à laquelle, finalement il s’est livrée dans La misère du monde. Je reste persuadé, toujours dans la résistance, qu’il existe une autre manière.

Lundi 14.04

Je viens de terminer Le jour où l’histoire a recommencé d’Alexandre Adler, une très profonde analyse géopolitique sur les changements liés au Printemps Arabe. A peine écrit, son livre était-il déjà obsolète au vu des multiples retournements de situation en Égypte, mais la vision d’ensemble sur la poussée des volontés démocratiques et des alliances à moyen terme reste d’actualité.

Commencé ce matin Nager sur la frontière d’Antonin Potocki. Dès les premières pages, le livre me touche lorsque l’auteur y parle de son grand-père tandis qu’il végète fiévreux dans une chambre d’hôtel climatisée du pays d’Arakan. La question est toujours la même lorsqu’il est question de ces voyageurs… « qu’est-ce qu’il est parti foutre là-bas ? »

Lundi 21.04

Réveil sous un ciel plombé mâtiné de traces claires qui signifient que le soleil tente de revenir, mais comme toujours en ces terres, rien n’est vraiment certain tant que les nuages n’ont pas été chassés à coups de fourche. J’ai récupéré des heures de sommeil que je pensais définitivement perdues dans les limbes, à grands coups d’oreiller sur la tête, à grand renfort de couette chaude dans l’atmosphère humide. L’eau ruisselle encore sur les feuilles des bouleaux et du laurier, s’insinuant dans les moindre interstices. Des petits passereaux font la fête comme si de rien n’était en sautant sur les branches torves du forsythia, déjà dépouillé de ses fleurs d’or.

Jeudi 01.05

Le temps a passé à une vitesse folle, je n’ai rien vu venir ; les jours ont passé sous un ciel de charbon et je me suis laissé complètement aller. Tout misé au même endroit, un café à la main, en attendant que ça passe et finalement, rien, ou plutôt tout, tout en même temps et trop de choses éparpillées justement, trop de tout en même temps et au final, rien. Je vais pouvoir respirer un peu, me reconcentrer sur moi-même et me sauver en fin de compte.
A côté du clavier, j’ai repris le papier. Il y a eu comme une absence dans mon existence. Une absence comblée par une colère sourde.

J’ai terminé ce matin le petit livre de Romain Gary, Les trésors de la mer Rouge. De très belles choses, encore des choses qui viennent alimenter mes recherches sur l’écrit nomade.
Plus que jamais, j’ai à nouveau besoin d’Istanbul


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Romuald Le Peru 1135 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines