Le derby de la crise et la consolation Europa League

Ce soir, Milan et Inter disputeront le derby de la Madonnina. On est très loin des matches enflammés qui valaient le Scudetto ou une finale de Champions League. On est à des années lumières du derby de Madrid, le top actuel en Europe, mais aussi très loin de la Juventus et de sa 3° étoile, de la Roma assurée d’être seconde, de Napoli et Fiorentina, 3° et 4°, toutes deux finalistes de la Coupe d’Italie. Mais un derby reste un derby! Milan – Inter est le derby de la consolation, de la dernière chance d’accrocher une place en Europa League, la « petite » Europe.

Malgré ce cadre peu flatteur et une saison négative des deux clubs, en particulier celle de Milan, le derby reste le match de l’année pour Milan et Inter. Actuellement 10° et 5° et séparées par 6 points l’objectif des deux équipes est le même : l’Europa League. Mais si l’Inter y est très proche et peut même se permettre de perdre, l’AC Milan qui n’a plus gagné le derby depuis 2011 (depuis : 4 défaites et 1 match nul) doit obligatoirement inverser la tendance pour garder l’espoir d’être européen la saison prochaine.

Avec un Scudetto et les places en Champions League déjà assignés, la course à l’Europa League devient le principal intérêt de la fin du championnat de Serie A. Entre Inter, Torino, Lazio, Verona, Parme et Milan, la plus grosse affiche ne peut être que Milan – Inter. Et en plus de l’intérêt européen, le derby vaut toujours pour la suprématie citadine, qui serait la petite satisfaction d’une saison infernale.

L’objectif de l’AC Milan est clair : arriver le 18 mai avec 60 points et espérer que cela suffira pour se qualifier en Europa League. Pour cela il faudra battre l’Inter, l’Atalanta et Sassuolo tout en espérant quelques faux pas des concurrents. Le derby devient donc décisif pour l’AC Milan, obligé de battre l’Inter pour pouvoir continuer à espérer. Un autre résultat pourrait éliminer définitivement les Rossoneri de la course à l’Europe.

La situation à Milan est loin d’être idéale : c’est même le chaos. Rien est clair sur les projets du club, l’entraineur semble être un homme seul, abandonné par ceux qui l’ont fortement voulu il y a quelques mois, à cause de choix qui ne plaisent pas aux dirigeants, aux méthodes qui ne plaisent pas aux joueurs, d’interview non autorisée etc. etc. Si d’un côté, Seedorf continue à se montrer serein et se dit soutenu, la presse affirme le contraire et la société ne communique pas du tout.

Durant 90 minutes, l’équipe de Seedorf devra avoir la force et le courage d’oublier tous les problèmes et frustrations de cette saison négative, toutes les inquiétudes liées au futur et uniquement penser à tout donner sur le terrain pour remporter un match qui ne sauvera pas la saison mais peut aider à la rendre moins douloureuse.

Pour son premier et probablement dernier derby comme entraineur, Seedorf maintiendra ses idées. Cette semaine, Galliani lui a donné quelques conseils : aligner Balotelli et Pazzini ensemble et les deux latéraux italiens : Abate à droite, De Sciglio à gauche. Néanmoins, fort et fier de ses bons résultats (16 points en 6 matches), Mister Clarence semble décidé à effectuer ses choix en toute autonomie et jouer le derby à sa manière. Si Milan en ressort victorieux, ce sera sa grande victoire, autrement… sa situation déjà critique le sera ultérieurement.

Concrètement, Seedorf compte bien confirmer sont 4-2-3-1 (et pas le 4-3-2-1 gentiment proposé par Galliani). Devant Abbiati, De Sciglio devrait faire son retour à droite, avec Rami – Mexès au centre et Constant à gauche. Le grand déçu s’appelle Abate. Au milieu, pas de changement avec Montolivo et De Jong de retour après sa suspension. Le seul doute de Clarence se situe en attaque : qui soutiendra Balotelli aux côtés de Kakà et Taarabt? Poli (favori) ou Honda? Terminons avec une nouvelle réjouissante : le retour d’El Shaarawy parmi les convoqué après une absence de 5 mois.

Comme toujours, le plus important reste la manière d’aborder la rencontre. Les Rossoneri devront jouer avec la concentration maximale, une détermination féroce et la volonté de battre l’Inter tout en jouant en équipe. Seedorf connait parfaitement ce derby. L’atmosphère est fantastique, le climat et la tension sont ceux des grandes occasions, avec un stade San Siro rempli et coloré. Le derby est un match différent de tous les autres, fascinant et unique en son genre. Durant ces 90 minutes, le contexte général du championnat a peu d’importance, seul le derby compte avec un seul désir : battre les cousins et vivre une soirée digne de l’AC Milan, une soirée des bons vieux temps lorsque les Rossoneri écrasaient bien souvent les Nerazzurri. Les derbys de mai rappellent de beaux souvenirs et Milan ne bat plus l’Inter depuis trop longtemps. Ce soir c’est l’occasion de remettre les choses en place, montrer qu’il y a une seule vraie équipe à Milan et envoyer l’Inter tout droit à Jakarta.