Canada de Richard FORD

Traduit par Josée KAMOUN

Il s'agit d'un écrivain américain dont je n'avais encore lu aucun roman mais la Grande Librairie est passée par là et m'a donné envie de découvrir son dernier : "Canada".

C'est une belle découverte.

En quelques mots, Bev Parsons et Geneva se rencontrent dans les années 40 aux Etats Unis. Lui est originaire de la campagne du Comté de Marengo en Alabama. Elle est originaire de Pologne, pays que ses parents, juifs, ont fui en 1918. Leur relation amoureuse donne lieu à la grossesse de Geneva. Le mariage devient inéluctable. Il sera suivi de la naissance de jumeaux, Berner, une fille, et Dell, un garçon. Pour nourrir sa progéniture, Bev n'hésite pas à sombrer dans des trafics de viande avec les Indiens. Mais voilà, une affaire tourne mal. Il doit beaucoup d'argent qu'il n'a pas en réserve. Il envisage le hold-up d'une banque dans lequel il va entraîner son épouse. Poursuivis par la Police, ils seront emprisonnés. Commence alors une nouvelle vie pour les deux enfants...

Je ne vous en dis pas plus. Le décor est planté. Un parcours initiatique d'un jeune garçon de 15 ans commence alors dans un pays étranger, le Canada.

Ce très beau roman nous fait traverser le XXème siècle avec cette famille que l'on suit de bout en bout, depuis la rencontre des parents jusqu'à la vieillesse des jumeaux.

Il évoque l'exil, le choc des cultures d'un pays à un autre, d'un cadre urbain à des activités rurales...

Il aborde la perception d'une même réalité à travers le filtre des yeux des jumeaux. Berner choisit de maîtriser son destin, le narrateur, lui, se laisse porter par les événements.

Il pose une question qui me paraît essentielle. Jusqu'où les enfants peuvent-ils être considérés responsables des actes de leurs parents ? Les contours de la relation parents/enfants sont largement posés avec notamment, cette très belle citation (P. 272) : " Il doit en aller de même pour tous les parents et leurs enfants. Nous n'accédons qu'à une part les uns des autres."

Le fait que la narration soit à la première personne et relève de la voix du garçon de la famille donne à voir une certaine approche de cette fresque familiale.

Alors, laissez-vous tenter par ce très beau roman...

Annie