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l'avventura

Par Jilcaplan
La plupart du temps
nous sommes nuls
ou en tout cas neutres
Neutre comme rien
comme blanc
ni bien,  ni mal
ni beau ni laid
ni stupide ni brillant
Juste des silhouettes qui passent,
qui marchent, qui évitent de penser
des fantômes de nous-mêmes
sans éclat, sans splendeur, sans richesse
Nous voilà dans le métro, debouts,
pressés les uns contre les autres
à regarder ailleurs,
à penser à autre chose
Autre chose
Toujours autre chose, mais pas grand-chose en réalité
ailleurs mais pas bien loin,
pas bien haut, pas bien profond
La plupart du temps, on erre dans les corridors de nos aspirations
l'antichambre glacée de nos rêves,
vestiaires, dressings dormants, naphtaline,
loin des jets, des îles sauvages
loin des moteurs de Formule 1
loin des Grand Prix convoqués par nos imaginaires à bout de souffle.
Voilà ce que nous sommes.
Semence triste, chair de poule, boule à zéro.
Un homme, une femme désordonnés,
choqués mais qui font semblant de rien
stupeur masquée, lunettes noires en fond de cours.
Parfois, un soubresaut.
Enfin, de la lumière,
enfin une espérance, une ascension
Sous le plexiglas de nos casques,
par la vitre du métro
un éblouissement, une révélation
Je vaux mieux que cette masse d'organe
je suis bien plus que mes douleurs,
je ne suis pas résumée à la somme de mes angoisses
l'angoisse de mon inconscient qui hurle et qui se tord.
Je m'extirpe facilement,
je sors des décombres, je regarde l'azur et je deviens l'azur
je regarde l'oiseau et je deviens l'oiseau
j'ouvre la boîte,
et je ne suis pas encore complètement terminée.
l'avventura


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