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Les sales petits mecs

Publié le 06 mai 2014 par Juval @valerieCG

Ils sont nombreux ces petits mecs au cours des 15 dernières années à m'avoir expliqué la vacuité de mes combats féministes.
Les bars interdits aux femmes seules ? Oui mais le viol c'est plus grave.
La féminisation des noms de métier ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les femmes à moitié nues dans des vitrines de grands magasins ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les chanteurs qui massacrent leur compagne ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Le Mademoiselle ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les scénaristes de série à succès qui disent des conneries sexistes ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les humoristes qui embrassent de force des filles dans la rue ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les femmes interdites dans les sous-marins ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les stabilos pour femmes ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les photos volées ? Oui mais le viol c'est plus grave.

La burqa en Afghanistan avait apporté, au début des années 2000, une grande bouffée d'air frais à ces petits mecs qui ne savaient plus bien quoi évoquer pour qu'on ferme nos gueules. Instrumentaliser ce que vivaient les femmes afghanes a permis à tout ces petits mecs d'essayer de nous faire taire. En vain.

Mes combats n'étaient pas assez sérieux. Pas un vrai combat. Occupe toi des vrais combats, occupe toi du viol, m'a-t-on dit. Alors j'ai parlé du viol. Mais j'en ai mal parlé dites donc. J'ai culpabilisé les hommes. Je n'ai pas été assez pédagogue. J'ai fait peur. J'ai fait croire qu'il y avait des violeurs partout. C'est qu'elle ne veut pas nous éduquer.  C'est qu'elle ne veut pas nous parler alors qu'on cherche juste à dialoguer lorsqu'on la traite de connasse à moitié folle. Mais pourquoi n'ai je pas parlé du viol comme les petits mecs voulaient que j'en parle ?
Oh je ne suis pas la seule. Toutes les féministes parlent mal du féminisme. Toutes les féministes dégoûtent les pauvres petits mecs du féminisme  et après ils ne veulent plus l'être alors qu'ils étaient totalement impliqués à la base, si on vous jure.
Les petits mecs avaient cru comme leur père et leur grand-père que le féminisme coïnciderait avec une libération sexuelle où les femmes seraient à leur disposition pour baiser, sans exiger le mariage et sans les faire chier plus que cela. Mais c'est qu'on ne s'est pas arrêté là dites donc et qu'on a exigé des droits. C'est qu'on n'est pas malines nous autres, à rien faire qu'à embêter les hommes, pourtant plein de bonne volonté. C'est qu'on est pénible à leur signaler que les discriminations vécues par les femmes ont peut-être un quelconque rapport avec eux.

La crise et la totale dépolitisation de ces sales petits mecs les a conduits à adopter une vague posture cynique, vaguement détachée - sauf devant un page rank evidemment - qui consiste à courageusement attaquer sur tous les réseaux sociaux, les minorités. Un combat un peu beau, un combat un peu propre, un combat un peu compliqué et ils viennent avec leur haine sous le bras comme un gosse resté au stade anal.
Ils pensent que te traiter de gouine mal baisées est juste une figure de style un peu exagérée, une façon de parler. Te comparer aux nazis devient juste un moment un peu rigolo entre potes où on "énerve les féministes".
Pensez, ils se sont persuadés que le mâle était en pleine crise identitaire. La génération Beigbeder qui a cru que bosser dans la pub et niquant des gamines à peine majeures faisait de toi quelqu'un de cool.
Ils ne foutent rien, jamais - t'expliquant que cela ne sert à rien donc mieux vaut rester assis sur son cul - ; les réseaux sociaux c'est pas du sérieux hein vous nous faites chier. Et va donc t'occuper des vrais combats dans la vraie vie. N'encombre pas les réseaux avec tes problèmes de bonne femme.

Ils se pensent ouverts d'esprit parce qu'ils regardent une triple anale, l'air détaché, en bouffant leur repas paléo dégueulasse. Le mec de droite avance à découvert et nous explique clairement que l'égalité hommes/femmes, homos/hétéros ne passera pas par lui. Le sale petit mec, qui se pense vaguement libertaire, ne réalise pas encore tout à fait que la perte de ses privilèges l'emmerde. Il n'arrive à pas à s'avouer qu'il est une merde réactionnaire qui, passé ses trois blagues de cul, est aussi confit en dévotion qu'une vieille bigote. Alors il trolle. Alors il hait.
Oh il aime bien les homosexuels hein. Aucun souci. M'enfin on va pas exagérer et arrêter de se traiter de pd entre potes. On déconne on te dit. Tu nous fait chier sur un "pd" alors qu'il y a des lois anti homosexualité en Ouganda ? Il est où ton vrai combat ?

Il se persuade que le politiquement correct c'est le féminisme. Ou est-il allé chercher cela ? A quel moment exact de sa vie d'âne inculte a-t-il cru que les femmes avaient les mêmes droits que les hommes ? A quel moment a-t-il pensé qu'on formait un lobby puissant, tellement puissant qu'on n'a aucune place dans aucun cercle de pouvoir ?

Nous étions 50 hier devant l'ambassade du Nigeria. 99% de femmes. Aucun de ces sales petits mecs donneurs de leçons. Aucun de ces sales petits mecs à la moralité de curé. Aucun de ces sales petits mecs trop contents de rester planqués derrière leur smartphone, à ne rien foutre, trop occupés à préparer leur prochaine punchline.
J'ai vaguement cru - comme à chaque fois - que des lycéennes enlevées, violées, battues, par un groupe de tarés et dangereux arriverait à mobiliser l'attention de ces sales petits mecs. J'ai vaguement eu l'espoir qu'ils pouvaient et nous troller la gueule et se mobiliser.
Glorieuse et totale indifférence. Ils sont curieusement, totalement silencieux. Je réalise à chaque fois, parce que je suis optimiste, parce que je ne veux pas y croire, parce que je n'arrive pas à croire, qu'ils se contrefoutent des droits des femmes.

Ces sales petits mecs. Si haineux. Si droits dans leurs certitudes du F2 dans Paris à 1500 euros par mois.  Où étiez vous hier.


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