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Les joies du collectif

Publié le 17 mai 2008 par Joachim

Il fallait bien un film choral et bien pensant dans le cahier des charges du festival. C’est donc le film de Walter Salles et Daniela Thomas Linha de Passe qui s’y colle. Beaucoup de soin et d’énergie mais quand même pas beaucoup de point de vue sur le destin de ces quatre frères et leurs épiphanies personnelles. Sauvons tout de même l’évident talent de super(?)filmeur de l’auteur, manifeste notamment dans le prologue fort prometteur (mais meilleur moment du film) : mains tendues des supporters du Corinthians Football Club recouverts par les banderoles qui bouchent le ciel. Mains tendues des fidèles en pleine prière-transe dans le plan suivant. Mais sans doute aussi ciel bouché pour eux. Bon, voilà, pas grand-chose de singulier dans le film qui au fond ne nous vend pas autre chose que la ferveur du bon peuple brésilien, qui trouve dans le foot ou dans la religion son terreau privilégié. Mouaif…

Le film de Rabah Ameur-ZaïmecheDernier Maquis est à peu près aussi peu « fini » (à tous les sens du terme, pas vraiment de dénouement) que le Salles est soigné dans son filmage. Pour autant, sur les questions du collectif, il est nettement plus excitant. Forme étrange, conjugaison de contraires : assez documentaire mais aussi habitée par une certaine théâtralité. Le film fait même parfois penser à une AG ou un happening, comme s’il remettait régulièrement et volontairement en cause sa façon de vouloir avancer. Film impro, film jazz, film à la forme mouvante mais qui tourne toujours (et souvent par la bande, c’est ce qui en fait son prix) sur des questions a priori impossibles au cinéma. Où se situe le collectif ? Dans le travail ? Dans le religieux ? Dans le syndicalisme ? C’est quoi la solidarité, la camaraderie, la confiance dans le monde du travail ? Et le rapport personnel au religieux ? Tout est assez désordonné, mais ça lance plein de pistes assez vivifiantes et toujours incarnées.


Sinon, le souvenir des Trois Singes de Ceylan se précise plutôt favorablement finalement. Certes, il a perdu de son humour, de son évidence, c’est de plus en plus appuyé, mais il reste tout de même un impressionnant travail de décantation de l’image (en gros, Les climats poussaient jusqu’au blanc sur blanc, celui-là au noir sur noir) qui demande un temps d’accoutumance de la part de l’œil… Un beau lavis de cinéma, en somme et si on veut, une infusion de thriller dans le cinéma contemplatif.


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