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Un curé attendrissant...

Publié le 16 mai 2014 par Dubruel

LE BAPTÊME (d'aprés Maupassant)

La famille et les invités

Quittaient la chapelle.

On jetait des dragées.

Après avoir posé son surplis sur l’autel

Le curé, oncle du bébé baptisé,

Prenait place dans le défilé.

La mère, lassée de porter

Son nouveau-né, dit à l’abbé :

« Tenez un brin vot’ neveu

Pendant que j’ me dégourdis un peu.

J’ai une crampe dans l’ bras. »

Maladroitement le prêtre prit le bébé

Et timidement l’embrassa.

La grand-mère s’est alors exclamée :

-« T’ en auras jamais un d’ comme ça ! »

L’abbé allait à grandes enjambées,

Regardait fixement le bébé

Et caressait ses petites joues rondes

Devant tout le monde.

Une jeune fille lui a crié :

-« Si t’en veux un, t’as qu’à l’ dire, curé ! »

Le déjeuner débutait

Et l’on se mit à plaisanter.

C’étaient des mots salés et fripons

Qui faisaient ricaner les filles.

On ne tarissait pas de propos polissons.

Le curé, tranquille,

Restait tout près du bébé.

Il n’entendait rien,

Ne voyait rien.

Du doigt, il agaçait

La petite bouche de son neveu

Pour tenter de le faire rire un peu.

Puis il le prit dans ses bras

Et, devant le mystère de la vie,

Il le considéra

Avec une gravité inouïe.

Devant la race qui continue,

Il montrait une tendresse émue.

Puis, d’un geste tout doux,

Il posa l’enfant sur ses genoux.

Troublé par les clameurs des mangeurs,

L’enfant se mit soudain à pleurer.

Sa mère se leva aussitôt

Et alla le coucher

À l’intérieur,

Dans son berceau.

Comme le repas s’éternisait,

Le prêtre s’était retiré

Sans que personne n’ait remarqué

Qu’il était absent.

Au dessert, la mère alla s’assurer

Que son bébé

Ne s’était pas réveillé.

En s’approchant du berceau,

Elle vit l’abbé

Qui pleurait à gros sanglots…


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