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Critique Ciné : La Chambre Bleue, fait divers

Publié le 16 mai 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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La Chambre Bleue // De Mathieu Amalric. Avec Mathieu Amalric et Stéphanie Cléau.


Pour son cinquième long métrage, Mathieu Amalric adapte un roman de George Simenon. Je ne connaissais pas du tout ce roman, ni que c’était une adaptation mais en voyant La Chambre Bleue j’ai tout de suite compris que ce n’était pas un film anodin car l’histoire me donnait légèrement l’impression d’être très écrite. Alors certes, c’est le genre de choses que l’on peut attendre de la part d’un homme de théâtre comme Mathieu Amalric mais ce fait divers aurait très bien pu se dérouler en vrai. Surtout que ce n’est pas la première fois que l’on parle d’empoisonnement (je pensais tout au long du film à l’histoire de Marie Besnard par exemple). Le film se divise en deux grands actes. Le premier est celui de la romance entre ces amants terribles et la seconde est plus de l’ordre du fait divers avec la présentation des preuves, les témoignages successifs et la plus ou moins reconstitution sous nos yeux. Le tout fonctionne plutôt bien dans son ensemble grâce à une mise en scène soignée et à un casting qui nous offre une vraie performance théâtrale. Pour mettre tout cela à l’écran, Mathieu Amalric utilise le 1:33 (déjà vu récemment dans Wes Anderson pour The Grand Budapest Hotel).
Dis- moi Julien, si je devenais libre,  tu te rendrais libre aussi ?
- Tu dis ?...
Un homme et une femme s’aiment en secret dans une chambre, se désirent, se veulent, se mordent même. Puis s’échangent quelques mots anodins après l’amour.
Du moins l’homme semble le croire.
Car aujourd’hui arrêté, face aux questions des gendarmes et du juge d’instruction, Julien cherche les mots.
« La vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après-coup. »
Que s’est-il passé, de quel crime est-il accusé ?...
L’histoire est assez simple mais cela ne veut pas pour autant dire qu’elle n’est pas passionnante. Présenté au Festival de Cannes dans la collection Un Certain Regard, La Chambre Bleue a une place toute trouvée. Le film saura ravir les yeux des spectateurs en quête de faits divers sur grand écran avec une mise en scène plus originale que les autres. On est bien loin de l’académisme de l’adaptation de l’affaire Halimi par exemple. Ici Mathieu Amalric cherche à briser les conventions et à nous délivrer un film singulier. C’est ce qu’il réussi à faire. Il cherche dans un premier temps la sensualité de la relation et à nous impliquer au plus près (le 1:33 ajoute cette dose de proximité tant l’écran est étroit) dans la relation de ces amants. On veut donc nous rendre complique de leurs crimes. Le film passe par la suite vers un angle plus judiciaire alors que le jugement de l’affaire nous permet de comprendre ce qui s’est passé. J’ai adoré les scènes dans le tribunal. Etant un grand fan de fictions judiciaires c’était parfait à mes yeux. Surtout que Mathieu Amalric, tout en restant simple derrière la caméra, arrive à rendre le tout si complexe et étincelant.
La mise en scène est donc très important dans un tel film. Elle permet à celui-ci de gagner en liberté. Ce n’est plus un fait divers adapté c’est de l’art, tout simplement. Certains pourront reprocher à La Chambre Bleue son côté très théâtral (mais bon, Mathieu Amalric vient du théâtre et étant donné que j’adore cette manière de faire du cinéma, je n’ai plus qu’être séduit une fois de plus). Le réalisateur, que j’ai découvert avec Deux cages sans oiseaux (2007) poursuit donc son bout de chemin. Finalement, le film devient rapidement fascinant pour l’oeil du spectateur qui ne peut plus décrocher. On a envie d’en voir plus de ces amants terribles, capable du pire pour être proche l’un de l’autre. D’ailleurs, le dénouement est aussi étrange que tout le film. On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé même si l’on peut s’en douter que les tords sont partagés. C’est complexe mais n’ayant pas lu le roman de George Simenon, cela m’a donné envie de découvrir cette oeuvre (qui se déroule dans les années 50 si mes souvenirs sont bons contrairement à La Chambre Bleue version cinéma qui est adapté de nos jours).
Note : 7/10. En bref, belle mise en lumière de comédien dans un petit film au format surprenant mais osé et à l’ensemble trépidant.


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