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"Anna Karenina" de Tolstoï

Par Paulo Lobo
Je viens d'achever la lecture du roman "Anna Karénine" de Tolstoï. Non, je ne l'avais pas encore lu. Guerre et Paix oui, quand j'avais 18, 19 ans. Je me rappelle avoir eu du mal pour les 100 premières pages, puis avoir été complètement emporté dans le grand tourbillon d'émotions et de sensations.Et il se trouve que pendant près de 30 ans, j'ai reporté Anna Karénine à plus tard. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que ce livre ne m'était destiné que maintenant, à l'aube de mon demi-siècle....Que dire sinon que l'oeuvre est prenante, profonde, immense et intimiste à la fois. Les personnages cessent d'être des personnages pour devenir des êtres humains, des individus très proches de nous, avec leurs joies, leurs doutes, leurs espoirs et leurs souffrances. Tolstoï prend son temps, il évite les raccourcis, laisse les situations respirer et s'étirer, nous fait sentir les événements avec toutes leurs nuances, la gestation de la passion, la douleur de la trahison, l'agonie et la mort d'un frère, l'euphorie irrélle d'un jour de mariage, la naissance d'un enfant, la quête de Dieu...Tout est superbement écrit, les phrases jaillissent et rebondissent en nous de mille résonances, le livre au fil de la lecture devient vite un ingrédient précieux et indispensable de notre quotidien.C'est un roman qui est extrêmement lucide et réaliste par rapport à l'amour, la passion, les relations de couple et de famille. Tolstoï dissèque tout cela avec un scalpel précis, ça fait mal, il met à jour les luttes intérieures, les illusions et désillusions, les contradictions et illuminations des êtres. Et réussit en fin de compte à révéler la peur qui est en chacun de nous, de souffrir, de ne pas être aimés, de mourir.Les deux "héros" principaux, Anna et Levine, magnifiques, vont, je le pense, m'accompagner longtemps. Ils ne sont ni blancs, ni noirs, plutôt traversés d'incertitudes et de troubles, hyper-sensibles, egocentriques, lâches par moments, cherchant toujours l'apaisement, ne le trouvant presque jamais. "Anna Karenina", c'est aussi le livre de l'intranquillité.

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