Les matériaux composites ont le vent en poupe

Alors que se déroulait ŕ Arcachon la quatričme édition de la conférence internationale sur les composites ŕ renfort en carbone –mieux connue sous son acronyme IC3 pour International Carbon Composites Conference-, le groupe Safran inaugurait en lointaine banlieue parisienne son tout nouveau centre de recherche dédié aux futurs matériaux aéronautiques.
Ce centre situé ŕ Itteville (Essonne) et dont la premičre pierre avait été posée par le ministre du Développement durable Arnaud Montebourg en septembre 2012, a pour mission de développer les matériaux composites ŕ matrice organique du futur. Un centre de recherche qui fera donc le pendant des activités de recherche logées au sein de la filiale Herakles du groupe Safran au Haillan et qui se consacre aux composites thermostructuraux.
Pour travailler dans des ambiances moins chaudes que celles auxquelles doivent résister les matériaux thermostructuraux, les composites ŕ matrice organique n’en constituent pas moins un enjeu capital, notamment quant leur capacité ŕ soutenir des charges extręmes non seulement dans les structures d’avions mais aussi pour leurs moteurs. Ainsi, Safran qui n’a pas attendu de posséder ce centre de recherche d'Itteville sur la zone du Bouchet pour conduire des travaux en profondeur sur les composites a développé un nouveau type d’aube de soufflante en composite. Celles-ci sont réalisées par tissage en trois dimensions (3D) d’une préforme en fibres de carbone qui est ensuite infusée par a matrice, cette opération de polymérisation s’effectuant dans des moules chauffants. Les recherches de Safran dans ce domaine se sont déjŕ concrétisées par l’ouverture d’une unité de production ŕ Rochester (New Hampshire) détenue conjointement avec le partenaire de Safran, Albany Engineered Composites. Une seconde unité de production de ces aubes en carbone devrait ętre inaugurée prochainement en France, trčs précisément ŕ Commercy (Meuse). Le centre de recherche sur les composites de Safran, qui prend tout naturellement le nom de Safran Composites, assurera entre autres le support ŕ la production de ces deux unités de production, ainsi que des autres ateliers de production de pičces et structures en composites qui existent dans le groupe. Cela qu’il s’agisse de produire des nacelles de réacteurs, des jambes de train d’atterrissage ou encore des équipements électroniques.
Safran Composites est judicieusement situé ŕ proximité des laboratoires de recherche d’Herakles au Bouchet oů sont employés quelques 200 spécialistes des matériaux énergétiques et composites. Il est aussi judicieusement situé ŕ quelques centaines de mčtres de Structil, une filiale d’Herakles, spécialisée justement dans la fabrication de profilés pultrudés, mais aussi dans la préimprégnation de nappes de carbone et l’élaboration de résines organiques utilisées soit pour l’imprégnation soit plus généralement pour le collage structural. C’est trois entités de Safran ne manqueront certainement pas d’utiliser leur proximité respective pour faire de la fertilisation croisée.
Toujours est-il que pendant que se dérouler l’inauguration de Safran Composites, Structil présentait ŕ Arcachon une conférence sur les débouchés potentiels des profilés pultrudés en aviation commerciale. Car selon l’auteur de la conférence, Sylvain Malderez, la pultrusion de fibres de carbone et matrice en résine thermodurcissable pourrait conduire ŕ un gain de 50 % sur le coűt de production comparativement ŕ un procédé avec polymérisation en autoclave. De quoi donner ŕ réfléchir aux ingénieurs des bureaux d’études constructeurs. Car le pultrudé pourrait se poser en compétiteur des profilés obtenus en thermoplastique et qui ne nécessitent pas non plus de polymérisation en autoclave. Certes comme le faisait remarquer une des congressistes ŕ Arcachon, il faut faire un bilan non seulement &eacu te;conomique mais aussi technique tout en tenant compte des contraintes géométriques. Ce n’est jamais une équation ŕ une seule inconnue.
C’est bien pour cela que Safran s’est doté de ce centre afin d’aller toujours plus de l’avant et de garder son avance compétitive.
La chronique AeroMorning par Nicole B
Chronique AeroMorning.com de Gérard Jouany