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Le Big Bang de Joël Shapiro

Publié le 21 mai 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

Avec l'exposition qui vient de se terminer au musée d'art moderne de Saint-Etienne, le sculpteur américain Joël Shapiro  connaît cette année 2014 une visibilité significative en France. La galerie Karsten Greve à Paris prolonge cette présence avec une présentation dans laquelle les pièces du sculpteurs colonisent l'espace de la galerie. A partir d'un travail proche, pendant un temps, du mouvement minimaliste américain dominant  dans les années soixante, le sculpteur  définit une proposition personnelle faite d'éléments de base, de formes géométriques simples, démarche  que l'on pourrait être tenté d'assimiler à un jeu de construction.

Joël Shapoiro Galerie Karsten Greve 2014

Joël Shapoiro Galerie Karsten Greve 2014

Jeu de déconstruction

Pourtant, dans la prise en compte d'un réel que l'on ne cherchera pas à qualifier de figuratif ou d'abstrait, le sculpteur se livre, me semble-t-il, davantage à une "réduction" à l'essentiel de ce réel pour le restituer dans un jeu de déconstruction sans limite.
Ce  jeu permet à Joël Shapiro de suggérer une sculpture à la frontière entre une figuration possible et une abstraction potentielle, laissant une brèche ouverte dans la signification.
L'accès aux structures essentielles permet à l'artiste de se mesurer à tous les possibles.
Cette besoin de liberté se manifeste également dans le rapport à l'espace. La sculpture doit se libérer des entraves de la pesanteur, de son ancrage au sol. Ainsi le socle est banni  pour satisfaire cette volonté. On sait que Joël Shapiro est allé plus loin encore, poussant à la limite ce jeu de déconstruction. Il proposa alors des œuvres totalement éclatées dans l'espace, suspendues par des liens, projetant ainsi la sculpture dans un incroyable Big Bang. Après avoir expérimenté cette explosion de la sculpture au musée Ludwig de Cologne, il renouvela l'essai à la galerie Daniel Templon à Paris en 2012.

Joël Shapiro Thornwood Gallery 2012

Joël Shapiro Thornwood Gallery 2012

Cette sculpture-installation, revendiquée comme "une explosion de la pensée",  modifie la relation du spectateur à l’œuvre, lui permettant de pénétrer dans l'espace défini par les éléments mis en place.
A la galerie Karsten Greve, la couleur intervient dans certaines pièces et ajoute à la dynamique de l'ensemble : "L’artiste commence à peindre le bois pour en quelque sorte le transformer : la couleur permet de changer la forme, de l’enrichir d’un sens qui autrement lui échapperait. Un élément se fait par exemple plus épais et volumineux s’il est peint en noir : la couleur modifie la perception de la forme et, par conséquent, la présence de la matière devant l’observateur."

Un univers en expansion

La force réductrice des sculptures de Joël Shapiro se prête au monumental, comme ses œuvres  aux États-Unis notamment en témoignent. L' apparence minimaliste des pièces leur permet de résister sans peine à la concurrence des architectures auxquelles elles sont confrontées. Jouant sur des équilibres improbables, les sculptures  peuvent laisser entrevoir un anthropomorphisme sans basculer pour autant de façon systématique dans cette représentation.
Aussi, depuis ses débuts minimalistes jusqu'à ces explosions de la sculpture, Joël Shapiro propulse la sculpture dans une dimension nouvelle, dans un univers chaque jour en expansion.

Photo galerie Karten Greve : de l'auteur
Photo 2 : galerie Thornwood Gallery

 Joel Shapiro
"Wood Plaster Paint "

3 mai- 23 Aout 2014
Galerie Karsten Greve
5, rue Debelleyme
75003 Paris


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