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Emerveillements...

Publié le 18 mai 2008 par Christophe Le Vaillant @mceogroup
« Tout au long de ma vie, je n’ai rien aimé autant que d’admirer », j’ai retrouvé cette phrase magnifique dans les Mémoires/Journal de Roger Stéphane « Tout est bien » (Quai Voltaire). Qui est Roger Stéphane ? Un journaliste écrivain, mort il y a quelques années et qui tombe, doucement et sûrement dans ce que l’on appelle l’oubli… D’ailleurs, allez picorer dans les journaux intimes d’écrivains, vous retrouverez des agacements, des sentiments, des admirations qui auront certainement croisés les vôtres. Ah ! Jules Renard (notre Maître à tous), mais aussi celui de Jacques Brenner et d’autres encore. Puisque j’évoque les journaux intimes, je ne peux que vous conseiller d’allez picorer dans les huit tomes de Pascal Sevran. C’était avant tout un écrivain. Il avait l’art des titres ! J’attends son neuvième tome post-mortem, dont la publication est prévue avant l’été avec impatience…
Revenons à cette phrase de Roger Stéphane… Je me dis que dans notre métier de communicant, nous devons avoir cette capacité non pas de s’admirer… mais d’admirer ce pour quoi l’on communique ! Les communicants à l’EGO hypertrophié ont une propension à l’oublier. « Moi », « Moi », « Encore Moi », « Toujours Moi », etc. Il faut savoir s’oublier de temps en temps… La meilleure façon de rester sur terre, c’est justement notre capacité à « admirer ». L’admiration, c’est la forme sublimée de la modestie. Et il faut être modeste dans notre métier… Je vais vous faire une confidence : pour être créatif, j’ai besoin d’admirer les hommes et les femmes que je rencontre dans mon métier. Depuis que j’ai commencé à travailler, j’en ai eu des admirations et des colères aussi !!! Il n y’ a pas de grandes ou de petites admirations ! C’est comme les enfants, devant un sapin de Noël, il n’y a pas de petits ou de grands émerveillements, il y a de l’émerveillement tout court !
Pourquoi tout ça ? Parce que j’ai rencontré encore récemment dans mon activité professionnelle des personnes qui sont heureux et surtout fiers de leur métier. Ils prennent le temps de m’expliquer ce qu’ils font avec passion, avec émotion. Et je me suis surpris à être ému, une fois de plus, à lire dans leur regard leur passion de transmettre leur savoir. C’est ça qu’il y a de formidable dans notre métier vraiment…
Alors peut-on communiquer sans admirer ? Un avocat peut-il défendre un client sans partager sa cause ? Etc. Oui, pourquoi pas ! Mais bon, moi ça ne m’intéresse pas !
Moi, je vais vous dire les choses franchement, je ne peux me départir de subjectivité dans l’exercice de mon métier. Souvent, à la première rencontre, je sais, je sens, si je pourrais ou non travailler avec cette personne, qui deviendra un client. Je ne peux pas bosser avec des gens ou un groupe de personnes que d’une certaine façon, je n’admire pas. Je reconnais qu’une fois j’ai du travaillé avec une interlocutrice complètement « jetée » et hystérique. J’ai pris sur moi, contraint (ce n’était pas une cliente directe). Mais je me suis juré que se serait la première et dernière fois que cela arriverait. Je préfère mes clients normaux… Un Président qui donne du sens à sa stratégie, un boss qui a le souci de l’humain jusqu’à des collaborateurs qui éprouvent de la fierté. Récemment, un responsable de communication me disait « Vous savez Christophe, je ne pourrais pas rester dans cette boîte, si l’on me demandait de communiquer auprès de salariés des messages qui sont à l’opposé de mon éthique, de mes valeurs personnelles ! ». D’une certaine façon, ces propos m’ont rassuré : mon interlocuteur admire son entreprise et garde intacte sa capacité d’émerveillement à faire progresser les choses dans son environnement.
En fin de compte, nous en revenons à des problèmes d’éthique. Etre en adéquation entre ce que l’on est et ce que l’on fait ? Dans les métiers de la communication, c’est vrai cela peut être dur à porter. Les temps sont difficiles… avoir une fiche de paye à la fin du mois… c’est tentant quitte à s’asseoir sur ses propres convictions ! Et puis, il y a les va-t-en guerre qui démissionnent parce que ce n’est plus possible ! Et puis…Et puis… faut-il se poser toutes ces questions… ceux qui ont le cœur sec eux s’en fichent… mais je ne connais pas de personnes qui aiment vraiment notre métier qui ont le cœur sec…
Vous voyez mes amis que derrière la notion d’admiration se cachent des notions d’éthique, de valeurs, de sens… des mots auxquels, dans le fond chacun d’entre nous reste très attaché. Ce n’est pas le tout de se poser des questions encore faut-il apporter des réponses. Chacun a les siennes !
Je sais que nous n’avons plus trop le temps de prendre l’admiration comme critère premier dans notre activité. Partout nous entendons les mêmes mots : productivité, rentabilité, réduction de coûts, optimisation de budget… C’est bien… mais bon… en ce mois de mai 2008, je me sens fleur bleue…admirer rime avec créer, respecter, aimer… et communiquer !

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