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Roland Giguère – La main du bourreau finit toujours par pourrir (1965)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Roland GiguèreGrande main qui pèse sur nous
grande main qui nous aplatit contre terre
grande main qui nous brise les ailes
grande main de plomb chaud
grande main de fer rouge

grands ongles qui nous scient les os
grands ongles qui nous ouvrent les yeux
comme des huîtres
grands ongles qui nous cousent les lèvres
grands ongles d’étain rouillé
grands ongles d’émail brûlé

mais viendront les panaris
panaris
panaris

la grande main qui nous cloue au sol
finira par pourrir
les jointures éclateront comme des verres de cristal
les ongles tomberont

la grande main pourrira
et nous pourrons nous lever pour aller ailleurs.

***

Roland Giguère (Montréal, Québec 1929-2003)L’âge de la parole (1965) - Ecrit en 1951



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