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Le trident de Shiva, récit d’un métis frustré

Publié le 23 mai 2014 par Hibiscusjaune

Le trident de Shiva! Ce livre est une des raisons qui m’a redonnée envie de bloguer! Il fallait que je rende hommage à ce récit qui m’a volé des heures de sommeil car je le lisais parfois jusqu’à deux heures du matin! Voici une des répliques qui m’a séduite d’emblée:

«Et comment un indigène devrait-il être alors? » demanda-t-il d’un ton acéré. Olivia se rendit soudain compte qu’il était en colère lui aussi. "Servile? Obséquieux? Il faut qu’il se prosterne humblement aux pieds des memsahibs blanches? (…)»

«Vous avez voulu dire que si j’avais été aussi noir que l’as d’un pique, vous m’auriez aussitôt catalogué comme un indigène. Eh bien, dans ce pays, mademoiselle O’Rourke, apprenez – et je crois que vous avez encore beaucoup de choses à apprendre – que nous pouvons avoir toutes les couleurs du spectre, depuis le blanc de lis jusqu’au noir profond, avec toutes les nuances possibles dans l’intervalle. Quelque part, entre ces deux extrêmes, se trouve ma propre couleur, et ce n’est pas le blanc des anglais

Ces paroles teintées d’amertume sont prononcées par Jai Raventhorne, un homme d’affaire métis et incompris, lors de sa première rencontre avec Olivia O’Rourke, une américaine en marge de la société britannique de Calcutta. Se basant uniquement sur son anglais impeccable et sur la blancheur de sa peau, Olivia présume à tort que Jai Raventhorne est entièrement anglais, ce qui a donné lieu à la réplique ci-haut. Jai n’est que moitié anglais et il se sent insulté car il pense qu’Olivia le trouve trop civilisé pour être indien (ou moitié-indien dans ce cas précis).

Cette violente réaction peut être partagée par des gens de toutes origines; un arabe qui en a marre qu’on trouve son français trop bien pour un oriental ou un africain qui ne serait pas assez bronzé pour d’autres. Que les gens peuvent être pétris de préjugés!

Couverture du livre Le Trident de Shiva par Rebecca RymanDès les premières pages, j’étais très critique à l’égard d’Olivia car je porte le même prénom et j’entendais à ce qu’elle y fasse honneur! (C’est complètement absurde, mais je n’y peux rien.) En fin de compte, je n’ai pas approuvé tous les choix d’Olivia (je voulais lui coller des baffes après certains passages) mais j’ai partagé sa fascination pour les nombreuses contradictions incarnées par le personnage de Jai Raventhorne.

Quelle ironie! C’est Olivia qui porte le même nom que moi mais c’est à Jai que je me suis identifiée. Je me suis reconnue dans son refus de se définir et de se justifier et même dans son statut de bâtard! Lui, doublement bâtard (social et culturel) et moi, bâtarde à sens unique (culturel).

Pour en revenir au livre, contrairement à ce que semble indiquer son titre, Le trident de Shiva ne comporte aucune dimension spirituelle. La référence à Shiva (un dieu hindou dont une des fonctions principales est la destruction) est utilisée ici pour définir le caractère impitoyable de Jai Raventhorne qui déteste les anglais et qui souhaite détruire la famille anglo-saxonne dont Olivia est issue. Mais pourquoi tant de haine et de frustrations de la part de ce métis? Olivia saura t-elle résister à cette destruction inévitable? Cette lecture vous donnera sûrement des rêves d’Orient et des insomnies d’Occident (clin d’œil à une chanson d’Obispo). À lire!


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