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Le mariage de Figaro de BEAUMARCHAIS

Par Lecturissime

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♥ ♥ ♥

​« Il n'y a que les petits hommes qui craignent les petits écrits. »

L’histoire :

Figaro, le valet du comte Almaviva, doit épouser Suzanne, camériste de la comtesse. Mais le comte qui n’est plus aussi amoureux de sa femme ne détesterait pas voir rétabli certain « droit du seigneur » que lui-même a aboli : bref, il poursuit Suzanne de ses assiduités en lui faisant miroiter la dot qu’il lui a promise. De son côté, Marceline, femme d’un certain âge, entend se faire épouser par Figaro en vertu d’un engagement qu’il lui a signé jadis par plaisanterie. Or, le juge de paix, c’est le comte Almaviva et pour se venger du dédain de Suzanne, il pourrait bien ordonner ce mariage...

Ce que j’ai aimé :

Le sous titre de cette pièce bien connue de Beaumarchais est "La folle journée", intitulé qui lui convient parfaitement tant le rythme de cette pièce est enlevé, gai, les répliques fusant, rapides et divertissantes. Les personnages sont spirituels, et savent manier le langage avec brio pour arriver à leurs fins : qu'il s'agisse du comte qui souhaite séduire Suzanne, ou de Suzanne et de la comtesse qui se liguent pour le faire échouer : 

« En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez. »

« Prouver que j’ai raison serait accorder que je puis avoir tort »

« La femme la plus aventurée sent en elle une voix qui lui dit, sois belle si tu peux, sois sage si tu veux mais sois considérée, il le faut. »

La tension liée à l'intrigue est désamorcée par le rire : personnages de comédie ridicules, situtations comiques avec les personnages qui aiment se cacher pour échapper à une mauvaise rencontre, personnages déguisés qui suscitent des équivoques, atmosphère riante pour aborder des sujets plus graves, comme le dit Figaro dans Le Barbier de Séville : "Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer."

Beaumarchais dénonce en effet les abus de pouvoir des plus puissants sur les plus faibles, ou encore des hommes sur les femmes. La comtesse est délaissée par un mari volage et se réfugie dans son engouement pour un jeune page émoustillé par son adolescence, Suzanne essaie d'échapper au comte qui veut réhabiliter le "droit du seigneur", le comte s'appuie sur ses privilèges et son pouvoir pour faire plier les autres à ses caprices. Il use de son argent et de son pouvoir, notamment par l'entremise du procés qui oppose Marceline et Figaro pour obtenir les faveurs de Suzanne. Beaumarchais s'est trouvé lui-même en plusieurs occasions en rivalité avec les Grands de ce monde, et il ne doit sa réussite et son succés qu'à ses mérites personnels et non aux privilèges dûs à sa naissance. Il a de plus connu aussi les imbroglios des palais de justice et des procès sans fins qui marquent les dysfonctionnements de l'institution judiciaire de l'époque. Le personnage de Figaro lui ressemble en divers points

« Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. »

« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. » 

Dans son célèbre monologue, Figaro  veut prouver que sa valeur dépasse celle de son maître et que naissance et mérite ne sont pas liés. Le récit de sa vie montre une société de l'Ancien Régime sclérosée, qui ne laisse aucune ouverture au talent des hommes et favorise l'origine sociale plutôt que les qualités de la personne. Cette société de l'Ancien Régime porte aussi profondément atteinte à la dignité des femmes. Marceline sera le porte parole des femmes dans la pièce : séduite dans sa jeunesse et trompée dans ses espoirs par Bartholo, elle révèle la différence de traitement que subissent les femmes dans la société. 

AInsi, Beaumarchais nous offre une oeuvre virtuose qui ne précède que de quelques années la prise de la Bastille le 14 juillet 1789... Napoléon Bonaparte aurait même déclaré "Le Mariage de Figaro, c'est déjà la révolution en action."

Ce que j’ai moins aimé :

Mes réticences tiendront dans la problématique récurrente liée au théâtre : est-il fait pour être lu ou vu . Les rebondissements étant multiples ici, je vous conseille plutôt de voir cette pièce sur scène pour rendre davantage justice à son rythme tonitruant, à ses quiproquos et rebondissements incessants.

Premières répliques :

« ACTE PREMIER

   Le théâtre représente une chambre à demi démeublée; un grand fauteuil de malade au milieu. Figaro, avec une toise, mesure le pancher. Suzanne attache sa tête, devant une glace, le petit bouquet de fleurs d'orange appelé chapeau de la mariée.

SCENE 1

FIGARO, SUZANNE

" FIGARO: Dix-neuf pieds sur vingt-six.

SUZANNE: Tiens, Figaro, voilà mon petit chapeau; le trouves-tu mieux ainsi ?

FIGARO lui prend les mains: Sans comparaison, ma charmante. Oh ! que ce joli bouquet virginal, élevé sur la tête d'une belle fille, est doux, le matin des noces, à l'oeil amoureux d'un époux !...

SUZANNE se retire: Que mesures-tu donc là, mon fils ?

FIGARO: Je regarde, ma petite Suzanne, si ce beau lit que Monseigneur nous donne aura bonne grâce ici.

SUZANNE: Dans cette chambre ?

FIGARO: Il nous la cède.

SUZANNE: Et moi je n'en veux point.

FIGARO: Pourquoi ?

SUZANNE: Je n'en veux point. »

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Du même auteur : Le barbier de Séville, La mère coupable

Autre : Théâtre

Editions diverses et variées...


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