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Le Front National n'est pas le premier parti de France, mais on a quand même un gros problème devant nous.

Publié le 26 mai 2014 par Leunamme

En tout premier lieu, il faut remettre les choses à leur place : ce n'est pas parce que le Front National est arrivé en tête aux élections européennes qu'il est devenu le premier parti de France. Rappelons que le FN c'est 3 députés sur 577, 14 communes sur 36 000, 60 000 militants revendiqués quand l'UMP et le PS en déclarent 3 à 4 fois plus, même le déclinant PCF s'enorgueillit d'en avoir plus. En outre, quelle signification peut-on vraiment apporter à un scrutin qui n'est pas français mais européen, dont les Français ne comprennent pas l'organisation, et surtout quand prés de 27 millions d'électeurs sur 46 ont fait le choix de rester chez eux ?

Une fois ce postulat posé, une fois que l'on a un peu mis de côté l'emballement médiatique assez exagéré, il faut quand même regarder la vérité en face. Le Front National est à un niveau qu'il n'a jamais atteint et il bénéficie d'une vraie dynamique électorale qui fait qu'il devient un vrai poison pour la République. Ce serait être prophète que d'annoncer qu'il peut un jour arriver au pouvoir mais ce qui est sûr, c'est qu'au niveau où il est actuellement il est un frein considérable au bon fonctionnement politique de la France et surtout à toute éventuelle politique réellement humaniste et ancrée à gauche.

Cependant, s'il convient de toujours surveiller et critiquer les agissements de ce parti afin que l'on ne puisse pas dire que l'on ne savait pas le moment venu, il faut d'abord et avant tout rappeler que sa réussite électorale n'est pas due à son programme politique mais à la faillite de tous les autres qui de divisions en promesses non tenues, de scandales politico-financiers en dérives populistes ont désespéré les Français et ont rendu ce pays profondément malade et déprimé.

Parce que dans une économie mondialisée, où l'économie et le profit immédiat sont devenus les seules variables d'ajustement, aucun parti politique, aucun homme politique n'a su s'adapter au monde nouveau, sortir du vision du monde dominée par la guerre froide et une planète bipolarisée, tous sont coupables de la situation de détresse morale, économique, sociale et politique où nous nous trouvons.

Le Front de gauche parce qu'il s'est montré incapable de rompre avec la social-démocratie et d'incarner une nouvelle espérance, à l'instar de ce qu'a réussi SYRIZA en Grèce, mais aussi parce le langage cru et dru de son principal porte-parole a agressé une part importante de l'électorat de gauche et rendu inaudible un discours pourtant intelligent, construit et novateur.

Les écologistes parce qu'en acceptant de rentrer au gouvernement pour quelques maroquins de pacotille, parce qu'en en sortant trop tard, ils ont laissé tomber leurs idéaux et ont rendu leurs propositions illisibles alors même qu'ils sont porteurs d'une idée magnifique, parce que surtout ils n'ont pas pris la mesure de l'ampleur de la crise économique et sociale et que leurs propositions ne sont plus en phase avec la déliquescence du pays réel.

Les centristes parce qu'à force de divisions et de rabobichages, à force de complaisance avec des politiques libérales qu'ils n'approuvent pas ont fini par se rendre inaudibles et inexistants.

La droite parce qu'à force de courir après les thèses du Front National, elle a fini par les légitimer, parce qu'à trop s'accrocher au pouvoir, elle a fini par s'engluer dans des affaires nauséabondes qui la décrédibilisent et desservent la politique au sens noble du terme.

Les socialistes enfin, et le premier d'entre eux surtout, parce qu'ils ont menti au peuple de France et n'ont pas tenu leurs promesses, parce qu'en faisant la même politique que la droite ils ont accrédité cette idée qu'il n'y avait pas d'alternative au libéralisme économique et que ce faisant ils ont durablement tué toute espérance.

Et les médias pour finir parce qu'il ne faut surtout pas les oublier, eux qui se servent de Mme Le Pen pour asseoir leurs audiences et ont légitimer sa politique de dédiabolisation de son parti alors qu'il ne s'agit que d'un vernis, parce qu'en transformant la politique en spectacle ou tout ne serait que petites phrases et piques à l'emporte-pièce, ils ont confisqué le débat politique si nécessaire à une démocratie.

Alors non, le Front National n'est pas aux portes du pouvoir, oui nos institutions nous protègent encore pour l'instant, mais attention, il est temps de se reprendre, tous à droite comme à gauche, de refaire de la politique, de redonner du sens au débat démocratique de démontrer qu'il y a des politiques différentes, parce que le danger se rapproche quand même et nous venons de faire un pas supplémentaire vers le précipice.


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