Le coeur des hommes

Le cœur des hommes

Ça fait 15 ans que Nick Hornby dissèque avec une empathie pince-sans- rire des mâles qui ont du mal à grandir. Débuts en 1992 avec Carton Jaune (Plon), roman autobiographique voué corps et âme au Club Arsenal. Ont suivi, Haute Fidelité (Plon) au héros fragile tel Bridget Jones au masculin, puis A propos d’un Gamin (Plon) où un trentenaire bling bling est sauvé de lui-même par un préado dégourdi. La Bonté, mode d’emploi (Plon) s’amuse d’un écrivain raté qui se mue en altruiste benêt et Vous descendez ? (Plon), est une ode à la vie aux accents Gavaldesques dominé par un présentateur télé bronzé et déchu.

Ce nouveau roman, Slam, (Plon) met en scène un garçon qui, lui, est bien obligé de devenir un homme du jour au lendemain. Sam, 16 ans, vit avec sa mère qui n’en a que 32 ans, puisqu’elle l’a eu à 16 ans, mésaventure dont elle n’a de cesse de lui rappeler. Tout baigne pour Sam, féru de skate et de farniente. Jusqu’au jour où il se prend la gamelle du siècle, le ‘slam’ que redoutent tous les skateboarders. Il tombe amoureux d’Alicia, fille de bonne famille, et quand Alicia tombe enceinte de lui et décide envers et contre tout de garder le bébé, l’adolescence de Sam sent le roussi.

Portait réussi à la fois pathétique et désopilant d’un ado paumé, écrasé par des responsabilités d’adulte, Slam ne réinvente pas Hornby, mais confirme que le leader incontesté de la «lad lit » (littérature pour mecs) glanera sans doute, la cinquantaine passé, des lecteurs qui ont l’âge de son Sam.

Slam de Nick Hornby, Traduit de l’anglais par Francis Kerline, Plon, 300 pages, 18,90 €

Tatiana de Rosnay (JDD du 18 mai 2008)