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Trame d'enfance, de Christa Wolf

Publié le 29 mai 2014 par Onarretetout

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Depuis les élections municipales, je reviens régulièrement vers ce livre de Christa Wolf que j’ai acheté après la chute du mur de Berlin, Trame d’enfance. Un livre que je n’ai pour l’instant jamais réussi à partager avec mes proches. Parce que sa structure est complexe, passé et présent s’y croisent sans cesse, et les personnages y sont JE, TU, ELLE, la même à des âges différents, et la fille de la narratrice et quelques autres. Elle est née dans une ville alors allemande, devenue polonaise après la guerre, et y retourne, adulte, en 1971, se confronter à son enfance sous le IIIème Reich. Comment cela pourrait-il être simple ?

Deux évènements me hantent depuis que j’ai lu ce livre et me reviennent après les périodes électorales que nous venons de vivre.

Le premier, c’est le soulagement des parents, commerçants, qui, devant afficher en vitrine l’emblème de la nouvelle municipalité national-socialiste, n’avaient pas eu besoin d’adhérer mais qu’ils « en faisaient partie ». Et ils avaient bien dû accepter de ne plus faire crédit aux communistes ni aux Juifs… Et de « faire un peu plus attention à la stricte observation du salut hitlérien à l’intérieur (du) magasin ».

Le second c’est l’incendie de la synagogue et l’aspect monstrueux pour l’enfant qui les aperçoit des ombres qui s’enfuient du brasier.

Et, bien sûr, les Jeunesses hitlériennes où l’on apprend des chansons à la gloire du Führer et du drapeau national, et où l’on désire ardemment faire partie des « êtres nouveaux ».

Et, lorsqu'en 1945, on s'étonne de rencontrer des silhouettes en pyjama rayé, un de ces rescapés interroge : « Dans quel monde avez-vous vécu ? »

Trois textes ouvrent ce livre. 

Une mise en garde : « Tous les personnages de ce livre sont des fictions de la narratrice. Aucun n’est identique à une personne vivante ou décédée. Pas plus que les épisodes décrits ne correspondent à des évènements réels. Quiconque croit reconnaître des similitudes entre un personnage du récit et lui-même, ou une personne de sa connaissance, devrait réfléchir au curieux manque de singularité qui s’attache au comportement d’un grand nombre de nos contemporains. Il convient d’en faire porter la responsabilité aux circonstances qui donnent lieu à des types de comportement reconnaissables. » (C.W.)

Un poème de Pablo Neruda :

« Où est l’enfant que j’ai été,
est-il en moi, est-il au loin ?

Sait-il que je ne l’ai jamais aimé,
et qu’il ne m’a jamais aimé ?

Pourquoi grandir aussi longtemps,
pour à la fin nous séparer ? (…)   »

Et, ces mots de Faulkner, première ligne du chapitre 1 :

« Le passé n’est pas mort ; il n’est même pas passé. »


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