Magazine Cinéma

The bling ring - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de Sofia Coppola (2013 - USA) avec Katie Chang, Israël Broussard, Emma Watson, Claire Julien, Taissa Farmiga, Leslie Mann

Désespérant... (le thème, pas le film).

L'histoire : Marc arrive à Los Angeles, les beaux quartiers, et intègre un nouveau lycée. Il sympathise avec Rebecca qui lui ouvre les portes du monde des jeunes Californiens, riches et désoeuvrés. Leur seule quête : les starlettes et leur mode de vie si fascinant, qu'ils essaient d'imiter. Rebecca montre à Marc comment elle pique de l'argent et de beaux objets dans les belles voitures que des milliardaires distraits laissent ouvertes. D'abord réticent, se laisse griser par les frasques de Rebecca et ses copines. Ils décident de faire plus fort : pénétrer les villas de leurs stars préférées lorsqu'elles sont absentes. Un petit saut sur Google leur donne les adresses et les agendas... Il n'y a plus qu'à aller se servir, ces dames laissant tout bonnement leur clé sous le paillasson. Marc et ses amies font le plein de fringues et d'accessoires de marque, dont ils se servent évidemment pour leur propre usage, écoulant le reste à bon prix pour se faire encore et toujours plus d'argent de poche...

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Mon avis : Et ben moi j'ai bien aimé ce film ! Je dis ça parce que je n'avais lu que des commentaires peu enthousiastes, le dernier en date étant celui de MademoiselleChat qui l'a vu récemment et a été très déçue. Oups... j'avais peur ! Et bien pour ma part j'ai beaucoup apprécié et ce, pour trois points :

L'histoire : On sait qu'elle est adaptée de faits réels, ce qui la rend d'autant plus effrayante. La vacuité, la superficialité, l'égocentrisme, l'absence totale de repères de ces jeunes mettent franchement mal à l'aise. C'est un thème qui a déjà été abordé, récemment avec Springbreakers, version trash, ou plus anciennement avec L'appât, version violente. En regardant The Bling Ring, je pensais toujours à la fin de L'appât où le personnage incarné par Marie Gillain demande aux policiers quand elle va pouvoir repartir... totalement déconnectée des actes qu'elle a commis. Exactement comme Nicki, dans le film, qui encadrée par les flics n'a pour toute question que "Qu'est-ce que Lindsay [Lohan] a dit ?"...

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En voyant ces mômes, obsédés par l'image, les stars, la célébrité, passant leur temps à se prendre en photo, on se demande encore et encore, nous les vieux, ce qu'on a bien pu rater, dans nos modes d'éducation, pour engendrer des êtres aussi déboussolés. Et encore un peu plus désorientés par le miroir constant qu'est Facebook. On a un élément de réponse en voyant la mère (excellente Leslie Mann), disciple d'une sorte de secte New Age, adorable mais complètement hors jeu. On a beaucoup accusé Mai 68 (et ses équivalents partout dans le monde), d'avoir oublié d'apprendre aux jeunes des valeurs structurantes au profit d'un laxisme baba cool attractif mais dévastateur... Ici, la mère n'est pas une soixante-huitarde, le temps a passé, mais elle évoque tout à fait une femme qui aurait été élevée à la mode beatnik... Terrifiant. Que vont-ils devenir, ces gosses ? Je pense que c'est sur cette question que Sofia Coppola se penche, avec un mélange de froideur et de tendresse qui sont sa marque de fabrique, elle qui depuis ses débuts en tant que réalisatrice s'intéresse aux personnages perdus, paumés, à côté de la plaque... The Bling Ring est la suite logique de sa filmographie.

Certains reprochent à Coppola le vide abyssal des protagonistes. Mais elle ne fait que montrer une réalité ! Son film semble creux, parce que les mômes sont creux, et c'est bien ça qui est épouvantable. D'autant que ces gosses ont des jeunesses dorées... et que ça ne leur suffit toujours pas ! C'est un vrai problème de société que Sofia nous envoie dans la figure... Et elle sait de quoi elle parle, elle a grandi là, dans une famille riche et célèbre. C'est là le paradoxe et le côté rassurant du film : tout le monde ne finit pas comme les jeunes héros qu'on nous présente !

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La mise en scène : Miss Coppola a déjà montré qu'elle savait filmer. Rien à dire. Fluide, intéressant, à la fois sobre et original, avec cette petite touche en plus, différente selon les films. J'adore ! Il y avait les teintes pastel si délicieuses de Marie-Antoinette, les errances hôtelières et tokyoïtes de Lost in translation, la douceur désenchantée des soeurs de Virgin Suicides, la lenteur ensoleillée de Somewhere... A chaque fois, Sofia met vraiment sa caméra au service de son histoire. Ses films sont vraiment "signés" et personnels. Quel talent !

Ici donc, pour en revenir à la "touche" Coppola, c'est bien sûr la surenchère sur le titre même et ce qu'il représente : l'attrait irrésistible de ces jeunes vers ce qui brille. Alors Sofia en rajoute : lumières des maisons aux grandes baies vitrées, comme des bateaux rutilants sur les hauteurs de Los Angeles ; la ville qui s'étale dans la nuit, véritable tapis scintillant de pierres précieuses ;  les petites lumières des tableaux de bord dans la nuit ; insistance de la caméra sur les miroirs, les lampes, les ampoules...

Les acteurs : Oui, je les aimés ! En particulier Emma Watson, qui a pourtant été très critiquée pour ce rôle. Moi je l'ai trouvée épatante. Très belle, très vénéneuse, très troublante.

A noter que Coppola n'a pas pris les personnages réels mais en a réinventés des fictifs, à partir des vrais.

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En surfant sur Internet ce matin, j'ai la bonne surprise de découvrir que finalement beaucoup de monde a aimé le film. Ceux qui n'aiment pas semblent être restés scotchés sur la vacuité des personnages... mais c'est justement ça que Coppola dénonce. C'est passionnant d'essayer de décoder et de comprendre. D'autres dénoncent le côté répétitif... là, j'admets que ça tourne quelquefois un peu en rond, c'est vrai.

La seule chose que j'ai trouvé bizarre, et pourtant ça doit être la réalité puisque ces gamins ont bien cambriolé des maisons de stars : pourquoi diable ces dernières n'ont-elles pas d'alarmes et laissent-elles les fenêtres ouvertes ?

Etrange.


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