Magazine Beaux Arts

Félix Schramm ou la démesure de l’art accidenté

Publié le 03 juin 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

Des morceaux de murs sont enchevêtrés les uns avec les autres. Du plâtre, du bois, de la peinture et des châssis apparaissent. Les couleurs rappellent la palette du peintre. Les jeux d’échelles, de surfaces, de profondeurs, d’ouvertures et de fermetures suggèrent une connaissance profonde de l'architecture. Le regard du visiteur découvre progressivement cette sculpture, s’étonne de la multiplicité des points de vue engagés et est absorbé par les fragments et les brèches qui s’ouvrent au fur et à mesure de la déambulation. On découvre une sculpture accidentée, ébréchée offrant à qui veut une nouvelle appréhension de cet espace d’exposition.

(c) Felix Schramm_photo Jean-Baptiste Dorner (1)
© Felix Schramm. Frac Alsace, Vues de l’exposition / Photos : Jean-Baptiste Dorner

Félix Schramm est plasticien, sculpteur. La porosité de son art est telle que l’on peut entrevoir et se faire happer tout entier par le gigantisme de ses architectures déconstruites, démolies et ré-assemblées.

Depuis l’extérieur du FRAC Alsace, on aperçoit cette installation in situ intitulée “You can’t beat the time”. Impossible pourtant d’en ressentir la profondeur. L’artiste joue sur notre perception. Il abat, bousille, brise, casse, déglingue, détériore, détruit, ruine, rase et fait s’écrouler des pans de murs entiers pour finalement bâtir, édifier, structurer, construire un nouvel espace, laissant la possibilité au public de lui faire face et d’y entrer.

(c) Felix Schramm_photo Jean-Baptiste Dorner (3)
© Felix Schramm. Frac Alsace, Vues de l’exposition / Photos : Jean-Baptiste Dorner

Le fait que cette sculpture soit “in situ” (de son expression latine signifiant en place, sur le site, dans son milieu naturel), sous-entend que l’intervention prend en compte le milieu dans lequel elle est installée. On peut trouver des accointances entre la création artistique de Félix Schramm et celle de Gordon Matta-Clark, connu principalement pour ses spectaculaires découpes et ses dissections de bâtiments abandonnés (voués à la démolition).

Félix Schramm opère lui aussi une sorte de dissection. En médecin légiste de l’architecture, il crée une sculpture qui transperce l’espace d’un bout à l’autre. Elle dévoile progressivement son volume mais ne montre pas tout. Les rapports d’échelles se brisent, l’ossature se dévoile, s’équilibre et se tend. Le gigantisme de l’installation nous oblige à nous baisser, à comprendre comment l’artiste a opéré sa découpe. Finalement on fait face à plusieurs strates, plusieurs couches, qui suggèrent les dimensions de l’œuvre.

(c) Felix Schramm_photo Jean-Baptiste Dorner (2)
© Felix Schramm. Frac Alsace, Vues de l’exposition / Photos : Jean-Baptiste Dorner

Le travail architecto-sculptural de Félix Schramm déstabilise parce qu’il nous transporte dans des chemins que l’on ne connaît pas. Il bouscule la géométrie, les mathématiques et toute la logique qui les accompagne. Felix Schramm, en intervenant directement dans l’espace, accomplit un véritable tour de force. Cette expérience ébranle nos connaissances et nos certitudes et nous plonge dans le milieu de la sculpture tel qu’on ne le connaissait pas. On avait vu la sculpture descendre de son piédestal, mais pas vraiment celle qui s’enchevêtre intimement avec l’architecture.

Anaïs

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Frac Alsace / Agence culturelle d'Alsace
1 espace Gilbert Estève - Route de Marckolsheim à Sélestat (plan d'accès)


Du mercredi au dimanche de 14h à 18h, 
Jours fériés compris (08.05, 29.05, 15.08)


Visites guidées gratuites sur rendez-vous
Accueil des groupes tous les jours sauf lundi, sur rendez-vous
Entrée libre


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lifeproof 5971 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines