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La Fondation de France accusée de brader les collections du château de Sassenage (Isère)

Par Benoit De Sagazan

Jean Guibal, Conservateur en chef du patrimoine et Directeur de la culture et du patrimoine au Conseil général de l'Isère, m'a adressé aujourd'hui un message alarmant.

La Fondation de France veut se séparer le 30 mai de 230 lots (des pièces prestigieuses dont certaines sont protégées au titre des monuments historiques) provenant des collections du chateau de Chassenage. Ce chateau et ces biens lui avaient été légués par la marquise de Béranger en 1971. A charge pour la Fondation de France de maintenir le bien dans son intégrité et de l’ouvrir au public.

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Ce projet de vente qui rompt le contrat de donation, est vivement contesté par Maître Gérard Nallet, ancien notaire à Grenoble et exécuteur testamentaire de la marquise de Béranger. Ce dernier a déposé un recours en annulation devant le tribunal de Paris, auquel s’est joint le Conseil général de l’Isère, avec le soutien de nombreux associations de défense du patrimoine de ce départment.

Lire la lettre de Jean Guibal :

La Fondation de France brade les collections du château de Sassenage (Isère)

Sont mis en vente à Drouot, le 30 mai prochain (étude Robert et Baille), 232 lots provenant du legs de la marquise de Béranger effectué en 1971 au bénéfice de la Fondation de France, à charge pour cette dernière, par l’intermédiaire du Conseil international de la langue française, de maintenir le bien dans son intégrité et de l’ouvrir au public.

Les pièces dispersées sont prestigieuses, pour certaines protégées au titre des Monuments historiques : dessins, peintures (hollandaises et françaises du XVIIe siècle), armes anciennes, céramiques, argenterie et objets d’art, mobilier. La Fondation s’apprête de même à mettre en vente une ferme située dans les abords immédiats du château, puis la bibliothèque, etc.

La Fondation justifie cette rupture du contrat de donation par la lourdeur des charges d'entretien du château : la marquise avait pourtant accompagné son legs d'un capital important constitué à cette fin (issu de la vente d'un autre château en Bretagne, d'un appartement à Paris, de leurs mobiliers, ainsi que de liquidités). Le ministère de la Culture, comme le Conseil général de l'Isère, ont toujours soutenu la Fondation pour l'entretien du château (à hauteur de 40% du coût des travaux pour le premier, de 20% pour le second). La Fondation, redoutant les réactions, prétend en outre que ces oeuvres et objets étaient dans "les réserves" du château : ce que tous les visiteurs peuvent contester !

Maître Gérard Nallet, ancien notaire à Grenoble et exécuteur testamentaire de la marquise de Béranger a déposé un recours en annulation devant le tribunal de Paris, auquel s’est joint le Conseil général de l’Isère. Ce dernier n’a en effet pas même été informé de cette cession et, fort d’une riche politique culturelle, se veut le défenseur du patrimoine régional et de l’intérêt des publics.

Les amateurs de patrimoine sont indignés par cette dispersion et cet irrespect manifeste des clauses de la donation. Les associations patrimoniales (représentées par la Fédération des Associations patrimoniales de l’Isère, FAPI), sont de même mobilisées pour défendre « leur » patrimoine !

Jean Guibal
Conservateur en chef du patrimoine
Directeur de la culture et du patrimoine au Conseil général de l'Isère


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