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Comment bâtir une métropole culturelle ?

Publié le 05 juin 2014 par Aude Mathey @Culturecomblog

Montréal est aujourd’hui une métropole qui compte dans le paysage culturel international. Cependant, il y a une douzaine d’années, rien n’était moins sûr du fait de la compartimentation des secteurs culturels (danse, théâtre, cirque, musées, etc.). Les responsables des institutions culturelles pensaient avant tout au développement de leur secteur propre et non pas à un ensemble plus large à l’échelle de la métropole.

Anne-Marie Jean, directrice  générale de Culture Montréal précise : « La première politique culturelle de Montréal a été adoptée en 2005.  C’est alors que les dirigeants de Culture Montréal ont proposé à tous les partenaires qui participent au développement culturel montréalais  de miser sur le consensus dont elle était l’objet pour élaborer ensemble un plan d’action. Pour y arriver on a proposé de mettre en place une structure de gouvernance souple. »

C’est ainsi qu’un comité de haut niveau est créé avec le maire, les responsables de développement culturel de la ville, la ministre de la culture du Québec et du Canada, les ministres responsables de Montréal au gouvernement provincial et fédéral, des représentants du milieu des affaires et des structures culturelles locales. Ce comité, appelé comité de pilotage, se réunit deux fois par an et publie un rapport (Coup d’œil sur la métropole culturelle) qui permet de faire le point sur les avancées dans le plan, les modifications et/ou les réorientations nécessaires.

Un comité de coordination est chargé d’assurer  le suivi des décisions du comité de pilotage et d’accompagner le développement des projets issus du milieu.

Une structure apolitique ?

Chose intéressante, Culture Montréal ayant été créée par des leaders culturels et ayant pour statut celui d’organisme à but non-lucratif (OBNL – un peu comme le statut d’association loi 1901 en France), elle n’a pas de propositions partisanes. Anne-Marie Jean ajoute : « organisation non-partisane bien que nous ayons une action politique et une cause : la culture. »

Cependant ; bien que non-partisane Culture Montréal intervient beaucoup dans les campagnes électorales (en moins d’un an à Montréal, on a voté pour les municipales et pour le gouvernement du Québec). L’organisme fait ainsi parvenir des recommandations mais également une plateforme qui pourrait être utilisée comme plan de travail avec le futur maire. Anne-Marie Jean souligne que « Culture Montréal a la responsabilité d’amener la discussion, de proposer des avenues de développement et de diffuser des bonnes pratiques et de les adapter à la réalité locale».

Culture Montréal fait également partie du réseau des conseils régionaux culturels du Québec. Ce réseau leur permet de trouver de nouvelles idées et de développer de bonnes pratiques applicables et réplicables via des forums régionaux (14 au total) qui débuteront au printemps 2015. Ces forums visent le développement de la citoyenneté culturelle des jeunes, ajoute Anne-Marie Jean. Ce ne sera pas une structure permanente mais bien un exercice qui durera un an et qui mènera à l’élaboration d’un plan d’action national sur 10 ans (15-25).

Qu’est-ce qu’une métropole culturelle ?

Pour Annie-Marie Jean, une métropole culturelle doit d’abord offrir beaucoup de création(s) originale(s). Montréal n’a pas un créneau unique sur lequel se positionner quand on parle de culture. La Ville fait en effet un peu de tout (Cirque, musique, théâtre, humour, expositions, etc.). Culture Montréal veut d’abord une métropole culturelle pour le citoyen, une métropole qui lui donne accès à la culture, des services de proximité, de création citoyenne.

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Les événements culturels doivent être liés à la nature du quartier. On peut ainsi, selon les arrondissements, passer du théâtre de rue au mini-festival ou encore à des guides de la société d’histoire du quartier. Culture Montréal travaille donc en lien avec la coalition montréalaise des tables de quartier, qui sert justement à discuter des enjeux de leurs quartiers et dont la culture doit elle-aussi faire partie des enjeux de développement.

Quelles actions ?

Culture Montréal travaille à plusieurs niveaux, que ce soit sur un plan très visible via l’aménagement urbain et la programmation du quartier des spectacles en centre-ville, mais également dans des initiatives plus locales, dans le « mou » et donc dans le moins directement visible et le plus difficilement finançable par les pouvoirs publics ou le monde des affaires.

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C’est ainsi que le Festival d’art mural (des peintures d’art urbain sur le boulevard St Laurent, qui coupe la ville en deux) a permis d’avoir d’énormes retombées aussi bien au niveau de la population qu’auprès des commerçants. Ces derniers se sont en effet rendu compte que malgré un investissement parfois un peu lourd, il était financièrement beaucoup plus intéressant d’offrir à ses clients une autre expérience et de montrer le renouveau d’un quartier. Ce projet a été réalisé par la Société de développement commercial du boulevard Saint-Laurent. Pour Anne-Marie Jean, ce projet, réalisé par la Société de développement commercial du boulevard Saint-Laurent est particulièrement important car «  Nous [Culture Montréal NDLR] colligeons ce type d’expérience comme bonnes pratiques afin de stimuler d’autres milieux à inclure la culture dans tous leurs projets de développement. »

Aujourd’hui, l’offre culturelle augmente, les quartiers se visitent davantage. En 2017 dit Anne-Marie Jean «  il faudra que les gens s’invitent à découvrir ».

Beau programme.


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