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Tag sur mon étagère

Par Mademoizela

Tag sur mon étagèreHier, j'ai lu un article sur le blog La Petite marchande de prose qui m'a vraiment plu. C'est un tag. Pour y participer, il suffit de renseigner à la personne chez qui vous repérez le dit-tag le nombre d'étagères de votre bibliothèque et le nombre de livres (environ) par étagères et hop, celle-ci vous donne six coordonnées au hasard pour découvrir quels livres s'y cachent. Sympa, non ?
Comme je suis en panne d'articles puisque j'ai freiné mon rythme de lectures, je gagne du temps comme je peux.
A posteriori, je remarque que les 6 livres sortis sont très représentatifs de ce que je suis.
1-5: le cinquième livre de ma première étagère...
Tag sur mon étagèreSans surprise.. on trouve un Aragon avec le mentir-vrai.Il s'agit d'un pavé. Ce sont des nouvelles réalistes grâce auxquelles Aragon réfléchit à la question de l'apparente réalité de la fiction qui demeure mensongère. Son identité n'a été qu'un tissu de mensonges durant toute son enfance puisqu'on lui a fait croire que sa grand-mère était sa mère et on lui avait caché que celle qu'il croyait être sa tante était en réalité sa mère. Sa réalité à lui n'a été que pure fiction. Quand on se construit sur du faux, peut-on être considéré comme personne ou comme personnage?
4-6: Sur la quatrième étagère, on trouve en sixième place.Tag sur mon étagèreC'est étonnant... un concours de circonstances hasardeux a fait que je suis tombée sur ce livre... J'explique: j'ai lu ce roman en fin d'année 2013 dans le format de France Loisirs (édition Piment). Il s'avère qu'une de mes amies m'a offert l'exemplaire de chez Pocket pour mon anniversaire dernier. Par pudeur, je n'ai rien dit; et par sentimentalité et sensibilité j'ai gardé le sien et j'ai donné le mien à quelqu'un. Si je n'avais pas été aussi attachée à la valeur de notre amitié, j'aurais sûrement revendu ce roman et je serais tombée sur Primo Levi Si c'est un homme... Le hasard a voulu que je parle de ce livre offert qui me tient à coeur!J'ai rédigé un article sur Demain j'arrête de Legardinier ici.
5-28: le vingt-huitième livre de ma cinquième étagère..
Tag sur mon étagèreC'est un livre qui date... mais qui est très représentatif de ce que je lis: à savoir les classiques et le genre qui j'apprécie le plus: la poésie. Il s'agit des Châtiments de Victor Hugo.Je l'avais acheté au lycée entre ma seconde et ma première. Je voulais optimiser mon entrée en première L et j'avais acheté des incontournables. Il fait partie des premiers classiques que je me suis acheté avec mes propres sous...A 16 ans, je n'avais pas apprécié. Je l'ai rouvert quelques fois durant mes études universitaires et la rencontre avec Hugo a vraiment eu lieu. Comme dirait Eric-Emmanuel Schmitt: "il n'y a pas de bons ou de mauvais romans, il n'y a que des lectures et des rencontres avec l’œuvre." Il faut relire car si le roman/le recueil ne vieillit pas, le lecteur OUI! Et j'ai bien vieilli. Lire Hugo à 16 ans, le relire à 19/20 ans et pourquoi pas le re-relire à 29? En 10 ans, j'ai dû parcourir  du chemin...
Tag sur mon étagère9-32: Sur cette 9ème étagère le 32ème livre s'avère...
J'avais lu un extrait en 1L dans l'objet d'étude: l'épistolaire et j'avais été conquise par le style de cet auteur. Quelques années plus tard, j'ai donc acheté le tout petit livre de Rilke. C'est sensationnel. Rilke critique les poèmes d'un novice, il le conseille. Il est une sorte de précepteur à distance. C'est parfois drôle, c'est souvent grinçant sans jamais être cruel et c'est toujours magnifique.
Tag sur mon étagèreDouble 12: 12ème livre de ma 12ème étagère...
Je l'ai acheté en fin de Licence. Je voulais lire de la littérature russe mais je ne voulais pas m'attaquer à un pavé. Court, certes mais je n'aurais peut-être pas du jouer à la feignasse... J'aurais dû prendre mon courage à deux mains, le taureau par les cornes, bref Dstoïevski à bras le corps et lire une somme qui m'aurait peut-être davantage conquise que ce récit bref.
Pour finir, un double treize qui m'emmène dans la section de ma bibliothèque dans laquelle il n'y a plus de romans mais des manuels. Et je suis ravie de ce hasard.Tag sur mon étagère
Je me rappelle du contexte de l'achat, de l'utilisation, de mon état d'esprit de l'époque. C'était en 2004. Première année de fac. Charnière entre le premier semestre où je m'étais égarée dans un cursus de ¨Psychologie et le second semestre où j'ai voulu tâter le terrain "Lettres modernes". J'avais mis tous les atouts de mon côté.. Puisque j'avais raté le premier semestre, j'ai fait tout mon possible pour récupérer, j'ai acheté des tas de manuels, j'ai potassé, j'ai lu, j'ai travaillé sans jamais compter mes heures. Il y avait une matière que je redoutais: Langue Française enseignée par un homme qui me tétanisait. Il me faisait vraiment peur. J'avais la boule au ventre pendant une heure. Pourquoi? Il interrogeait ses élèves avec des questions plus complexes les unes que les autres. 
Premier cours du deuxième semestre, j'arrive fraîche et légère, ignorant tout ce qui avait été fait au préalable... Quand soudain l'Homme pose une question et me dit "Vous, Mademoiselle". Je n'aime pas ne pas répondre aux questions alors je sors une réponse maladroite et FAUSSE. Personne ne m'en tient rigueur puisque tout le monde sait que je n'étais pas là au premier semestre. Tous, sauf le Prof. Pensant donc que je suis une nulle qui ne comprend rien à rien, il va passer tout ce semestre à m'interroger. Autant dire que j'ai peur et pourtant je vais en cours à chaque fois car cet Homme me fascine. Il m'effraie. Il le voit. Il s'en amuse! Dès qu'il m'interroge, je sens mes joues chauffer.
Immédiatement, je triple mes heures de travail pour être au taquet quand il m'interroge. Pour ne pas perdre la face car je suis assez orgueilleuse et surtout pour ne pas le décevoir.
Pendant mes trois années de licence et mes deux années de master, il s'est amusé à cela. Au début, je pensais qu'il me détestait et qu'il voulait m'humilier et j'ai compris en fait que c'était le contraire.
En licence, il y avait une sacrée guerre entre les nanas. J'étais à part, solitaire, froide et muette. Il y avait certains clans et les petites minettes passaient leur temps à se toiser entre elles et je crois qu'il l'avait remarqué. Quand il posait des questions, c'était toujours crescendo, de la plus facile à la plus complexe. J'héritais toujours de la plus dure. A chaque fois, il me balançait un compliment qui me touchait intensément et fermait le clapet de ces étudiantes malveillantes.
Ce livre, j'y tiens énormément: d'une part parce que cela me rappelle ces merveilleuses années, d'autre part parce que cet homme m'a insufflé le passion pour la linguistique.
Il est décédé le 14 juillet dernier. J'ai publié dans un "courrier des lecteurs" de mon quotidien régional une sorte d'oraison funèbre en son honneur. De façon anonyme, bien sûr! (j'ai mis mon nom de famille à l'envers et au lieu de mettre mon premier prénom, j'ai collé mon 2ème et mon 3ème prénoms.)
Ce qui m'a fait rire c'est lorsque ma mère m'a dit: il y a une étudiante qui a rendu hommage à ton prof. Ca devait être un  p****** de prof et quelqu'un de vraiment bien au vu de tout ce qu'elle a écrit. Ma mère m'a résumé le texte sans savoir que j'en étais l'auteure.

Mon premier article de blog évoque déjà cet homme. La boucle est bouclée...


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