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Le label des fonds asiatiques devient un enjeu stratégique pour leur distribution transfrontalière

Publié le 10 juin 2014 par Sia Conseil

Le label des fonds asiatiques devient un enjeu stratégique pour leur distribution transfrontalière Le vieux continent connait le label UCITS (Undertakings for Collective Investment in Transferable Securities) depuis son entrée en vigueur en 1985.

Force est de constater que le succès est au rendez-vous 30 ans après sa création. Devant cet engouement pour cette appellation, la région Asie / Pacifique cherche à créer un label similaire. Mais pourquoi cette initiative de passeport asiatique ?

Les marchés nationaux ne suffisent plus

La France, qui est un des berceaux de la gestion d’actifs, représente un marché national de 3000 milliards d’euros sous gestion gérés par plus de 600 sociétés de gestion au travers de la bagatelle de plus de 10000 fonds d’investissement. Pourtant, la distribution transfrontalière est au cĹ“ur de la stratégie des principaux gestionnaires d’actifs français (dont 4 se classent dans les 25 premiers). Pour mener à bien ce développement, l’Europe s’est doté d’un cadre réglementaire unique sous la forme du label UCITS. Ce dernier est aujourd’hui reconnu mondialement et il constitue un gage de qualité pour l’exportation et notamment vers l’Asie. Tous les plans stratégiques des grands gestionnaires d’actifs incluent un volet de développement dans cette région qui recèle un véritable potentiel commercial.

En effet, le taux d’équipement reste relativement faible et surtout les investisseurs apprécient les produits plus risqués et notamment les véhicules d’investissement. Les européens mènent une politique d’expansion volontariste via la distribution de grands fonds labellisés UCITS. Devant cette situation, les autorités locales ont pris le sujet à bras le corps pour tenter de faire reconnaitre leurs produits locaux. Comme les européens avant eux, ils sont vite parvenus à la conclusion que chaque marché national ne dispose pas de la taille critique (à l’exception de la Chine) et que la création d’un passeport asiatique serait une solution pour rivaliser avec les acteurs américains et européens qui gagnent sans cesse des parts de marché.

3 initiatives sont en cours d’étude pour créer un passeport asiatique

Dans le courant de l’année 2013, trois initiatives de différents acteurs de la zone Asie ont vues le jour afin de concurrencer le label UCITS européen. La philosophie de ces projets est la même, à savoir créer un passeport asiatique transfrontalier de distribution des fonds. Chaque pays signataire pourra distribuer librement ses fonds dans les autres pays moyennant réciprocité et respect de certaines règles en matière de fonctionnement de ces fonds labellisés.

Le label des fonds asiatiques devient un enjeu stratégique pour leur distribution transfrontalière

  • Initiative 1 : Le 23 janvier 2013, le CEO de la Securities and Futures Commission a évoqué la mise en place d’un accord de reconnaissance mutuelle des fonds entre Hong Kong et la Chine. Ce discours volontariste doit faire l’objet de travaux au cours de l’année 2014 pour une éventuelle mise en Ĺ“uvre non encore planifiée.
  • Initiative 2 : Le 20 septembre 2013, les ministres des Finances de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de Singapour et de la Corée du Sud se sont mis d’accord pour un passeport appelé ARFP (« Asia Region Funds Passport »), qui pourrait commencer à fonctionner début 2016.
  • Initiative 3 : Le 30 octobre 2013, les autorités de tutelle financière de Singapour, de la ThaĂŻlande et de la Malaisie ont signé un accord de principe pour faciliter une offre transfrontalière entre eux. Ce passeport, connu pour le moment sous le nom de « Asean CIS Framework », pourrait être opérationnel d’ici le milieu de l’année 2014.

Toute cette effervescence vise le même objectif : doter la place financière asiatique d’un cadre harmonisé afin de favoriser la distribution transfrontalière des fonds asiatiques et ne pas se laisser submerger par la vague des fonds UCITS.

Evoluer ou se marginaliser

La distribution transfrontalière de fonds est aujourd’hui complètement ouverte en Europe avec une moyenne de l’ordre de plus de 80% de fonds enregistrés de ce type dans les principaux pays (France, Royaume-Uni, Irlande, Luxembourg pour citer les principaux producteurs). Cette ouverture se constate sur les deux places fortes de la finance en Asie que sont Hong Kong et Singapour. Il n’est d’ailleurs pas anodin que Singapour soit présent dans 2 des 3 projets de passeport asiatique puisque ce pays ambitionne de devenir le leader de la finance dans la région et d’étendre son influence sur ses voisins avant d’ambitionner une expansion plus internationale.

Le label des fonds asiatiques devient un enjeu stratégique pour leur distribution transfrontalière

A l’image de l’Europe, la mise en place d’un passeport asiatique poursuit plusieurs objectifs stratégiques pour les acteurs locaux de la gestion d’actifs :

  • Atteindre la taille critique que ne permet par le simple marché local
  • Réduire les coĂťts en mutualisant les fonctions supports couvrant plusieurs pays
  • Augmenter la taille des fonds pour réaliser des économies d’échelle
  • Développer des centres d’excellence par typologie de gestion
  • Offrir une offre alternative crédible aux fonds UCITS
  • Faire reconnaitre la place asiatique comme un centre d’excellence et de qualité

Cette volonté des acteurs asiatiques de ne pas se faire marginaliser par les grands gestionnaires américains ou européens, en optant pour un passeport asiatique, semble une réponse de bon sens mais la cohabitation avec les fonds UCITS est inéluctable au regard de leur antériorité et de leur reconnaissance.

Un passeport asiatique à la portée symbolique ?

Ces 3 initiatives simultanées montrent également le manque d’unité au sein de la zone Asie. Les réponses ne se font pas d’une seule voix et chacun essaye de promouvoir sa place locale (la Malaisie autorise qu’un fonds de droit local puisse être nourricier d’un fond UCITS !). Il est difficile de dire quel va être la portée de ces passeports asiatiques mais ce qui est certain c’est qu’un seul devra subsister et englober l’ensemble de la zone s’il veut un jour concurrencer le label UCITS et s’exporter.

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