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TRAVIATA DEVOYEE A BASTILLE/jACQUOT/OREN

Publié le 10 juin 2014 par Popov
TRAVIATA DEVOYEE A BASTILLE/jACQUOT/OREN Dernière création de l’ère de Nicolas Joël, la Traviata de Verdi par le réalisateur Benoît Jacquot déçoit.

Benoît Jacquot qui met en scène la Traviata après le succès de Werther a un sens bien à lui de la métonymie : il désigne une courtisane par son lieu de travail (un lit à Baldaquin monumental) un pince-fesse dans un salon par une réunion statique de croque-morts au sexe indifférencié, la campagne par un arbre qui occupe la moitié du plateau, l’autre partie étant occupée par un escalier d’opérette plongé dans l’obscurité et où sont plongés pendant plus de quarante minutes une dizaine de figurants dans un « freeze » à la signification énigmatique.

Et ce n’est pas fini…

Il peut introduire dans le casting une servante qui a le look de celle de L’Olympia de Manet(Mlle Oncioiu herself) et pour bien qu’on comprenne le luxe dans lequel vit la demi-mondaine le tableau du maître en personne… Pour compléter le biotope, il transformera les bohémiennes célèbres de l’œuvre en autant de Conchita Wurst chorégraphiées façon eurovision, les toréadors en toréadorettes aux véroniques proches de la gestuelle du lap dancing…bref le cinéaste lacanien inversera masculin et féminin , une pratique choquante non par le contenu mais par la répétition mortifère du phénomène sur les scènes lyriques (des serveuses barbues de la fête de la bière dans les Wagner aux courtisanes velues du moindre harem).

Dans cette mise en scène tantôt sobre et solennel tantôt fantasque et débridée, le grand André Diot joue du clair-obscur comme un maître vénitien mais éclaire beaucoup trop la fosse (inutile précaution) où se trémousse Daniel Oren le directeur musical qui semble pris de convulsions et fait fluctuer les tempos comme un microsillon sur un champ de mines.

A part cela , l’ensemble est honnête : Diana Damrau(Violetta) tient l’espace immense, vocalise à hauteur de Verdi, s’améliore de représentation en représentation. Ludovic Tézier est un Germont père remarquable. Les chœurs sont bien mais mon tout est paradoxalement sans éclat. On en viendrait presque à regretter la « Trashviata » de Marthaler donnée en ces mêmes lieux à l’époque Mortier.

OPÉRA EN TROIS ACTES (1853)

MUSIQUE DE GIUSEPPE VERDI (1813-1901)

LIVRET DE FRANCESCO MARIA PIAVE D’APRÈS LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS FILS "LA DAME AUX CAMÉLIAS"

EN LANGUE ITALIENNE

Jusqu’au 20 JUIN


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