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Le Prince des Marées

Publié le 11 juin 2014 par Auroretaupin
Le Prince des Marées
Les livres très volumineux ont ce double avantage qu'on a moins de scrupules à les arrêter si on n'est pas séduit dans les cinquante premières pages, et qu'on peut se réjouir par avance d'un plaisir durable s'ils s'annoncent prometteurs.
Le Prince des Marées tombe dans la deuxième catégorie.
Pat Conroy (c'est un homme) nous entraîne dans le Sud profond insoupçonné des Etats-Unis, celui de la Caroline du Sud et ses petits villages et marais façon Mud, où l'on a plutôt tendance à s'enorgueillir d'un passé d'escalavagiste que de l'avancée des droits civiques. 
Le Prince des Marées retrace la saga familiale des Wingo dans ce Sud-là, à travers les yeux de Tom, le fils cadet : on y suit son enfance entre la mère arriviste et fière, le père violent, son aîné Luke le doux costaud idéaliste et sa jumelle Savannah, la poétesse illuminée.
L'histoire débute alors que les trois enfants sont déjà adultes : à la suite d'une nouvelle tentative de suicide de Savannah, Tom part pour New York au chevet de sa soeur et se retrouve à aider sa psy à retracer les différents traumatismes d'enfance de Savannah. L'histoire se dessine ensuite d'avant en arrière, alternant épisodes passés et récit au présent, construisant un patchwork qui finit par reconstituer toute l'histoire avec brio. L'auteur nous révèle peu à peu toute la complexité des liens entre les personnages, les non-dits qui étouffent, la bienveillance (fréquente) des uns, la malveillance (tout aussi fréquente) des autres.  On suit donc Tom, Savannah et Luke à travers leur enfance, pour remonter comme à rebours jusqu'au "drame originel" qui achèvera d'éclairer les dernières zones d'ombre restantes.
Il y a certainement de la virtuoisité et une grande finesse de la part de l'auteur, à ne jamais rentrer dans une description blanc/noir de ses personnages et de nous laisser ainsi dans une ambivalence beaucoup plus intéressante (et conforme à la réalité ?)
Loin d'être uniquement le récit grave d'un drame, ce roman offre de nombreuses parties humoristiques et réjouissantes. Pat Conroy dévoile par exemple des personnages secondaires géniaux et ultra-travaillés: le grand-père mystique, la grand-mère globe-trotteuse, le violoniste virtuose et pervers narcissique ...
Il y a enfin quelques scènes truculentes, dépeintes avec un incroyable réalisme permettant de se les figurer plus vraies que nature et en même temps totalement loufoques - notamment celles où le grand-père Wingo décide, à la suite d'un pari, de parcourir en ski nautique les 40 kms du canal malgré ses 80 ans bien sonnés.
Assurément un très grand livre, avec du suspense et l'envie d'en savoir plus à chaque page.
(On est même - pour notre plus grand plaisir, mené en bâteau par l'auteur concernant le sort du grand frère - que pour ma part, j'ai cru avoir deviné pendant une bonne partie du livre avant de me rendre compte que je m'étais complètement fourvoyée)
 Merci à Annabelle pour la découverte

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