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Sambre : de l’in situ à l’in vivo

Publié le 11 juin 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

affiche sambre"Escalier de secours"

Dans quelques jours s'achève à la collégiale Saint-Pierre le Pullier à Orléans un chantier qui échappe aux grilles formatées de l'artisanat ou de l'industrie. "Escalier de secours" de l'artiste Sambre connaît son aboutissement au terme d'une action artistique qu'il est utile de définir. De quoi s'agit-il ?
Formé à la menuiserie et diplômé des Métiers d’Art en sculpture sur bois de l’école Boulle, Sambre est signalé comme venant du street-art. Mais ici, à la différence d'un street-art domestiqué désormais par les institutions culturelles, l'artiste met en œuvre dans cette collégiale du douzième siècle une toute autre démarche :
" Sambre crée une installation à l’échelle de l’architecture du lieu. Inspiré par les maisons à colombages et l’architecture orléanaise, son travail prend sa source directement dans l’environnement qui l’accueille. La réalisation de chaque élément est ainsi le fruit d’une réflexion quant à sa fonction dans l’espace qui lui est imparti et l’interaction entre tous les éléments à sa disposition.".
L'artiste travaille ainsi le bois récupéré sur les chantiers et décide de concevoir ce qui portera don le nom d' "Escalier de secours" projet échafaudé sur une structure métallique de vingt cinq mètres de long et dix mètres  de large. La construction constituée d’une suite de marches offrirait en principe la possibilité de s'élever au cœur de la nef comme avec l'aide d'un escalier traditionnel. Mais ici, le rapport trompeur des dimensions rappellerait davantage l'échelle géante de Philippe Ramette toisant le château de Chamarande ou Lilian Bourgeat et son "Dîner de Gulliver".

Sambre : de l’in situ à l’in vivo

Sambre 'Escalier de secours" en cours de réalisation Collégiale Saint-Pierre le Puellier Orléans 2014

Art in vivo

A l'évidence, l'assemblage installé dans la nef centrale de la collégiale n'a pas vocation à s'intégrer à l'architecture. Bien au contraire, il dévore l'espace comme une hydre incontrôlable. Il faut donc chercher dans l’événement créateur quelle est la nature de ce qui relève à la fois de la construction, de l'installation et de la performance.
On ne peut pas ne pas souligner la dimension potentiellement subversive d'un acte proposé par l'ancien élève de l’école Boulle, définissant un geste artistique à l'opposé quelque peu provocateur des règles strictes des métiers d'art. Mais une foi réglé un éventuel contentieux avec la pédagogie peut-être sévère qui lui fut imposée en ébénisterie, Sambre développe un projet dont l’œuvre se mesure au moins autant par son déroulement que par son résultat.
La nef de cette collégiale Orlénaise devient la scène d'une épreuve à laquelle se soumet ce compagnon du devoir d'un  nouveau genre, le lieu de création d'un "chef d'oeuvre" indispensable pour légitimer son statut. Au moment du vernissage de cette exposition, le chantier n'en est qu'à son début et continuera ainsi jusqu'à aujourd'hui. Le visiteur se voit donc contraint de s'interroger sur la nature de ce geste créateur. Lors de sa visite, il assiste à la mise en place de ce jeu de construction envahissant à la destinée somme toute mystérieuse. En effet l'artiste ne travaille à une œuvre en retard dans sa finition, il nous désigne délibérément le travail en train de se faire comme partie prenante de l’œuvre. Menuisier, sculpteur, performeur, l'artiste apparaît lui-même dans cet agencement  comme un élément de l’œuvre. Au-delà des installations in situ, il délivre, me semble-t-il, une autre indication : non seulement l'artiste, hors d'un atelier désormais déserté, réalise son travail in situ tenant compte des contingences du lieu d'exposition, mais plus encore, il se greffe sur l’œuvre comme une partie vivante indispensable.

Photo: Mag Centre

Sambre "L'escalier de secours"

Du 31 mai au 13 juillet 2014
Collégiale Saint-Pierre-Le-Puellier
Place Saint-Pierre-Le-Puellier
45000 Orléans


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