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Dorian Pimpernel – Allombon, jolie pop « philharmonique »

Publié le 11 juin 2014 par Sywebzine @Saturdays_Youth

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Il est de ces formations qui parviennent à offrir énormément à l’auditeur tout en lui donnant l’impression de ne jamais rien posséder. De manière général, leur musique les dépossède de la légitimité de leurs jugements pour qu’ils ne soient surs que d’une chose : de l’existence de ce qu’ils écoutent. En ce sens, le dernier EP des Dorian Pimpernel est subliminal.

Depuis leurs débuts, les cinq représentants du groupe rassemblent sans encombres genres et époques, et dans une autre dimension les mettent d’accord. De cette manière, leur dernier EP Allombom prouve encore une fois la puissance concrète comme abstraite de leurs productions. Empreintes d’un profond caractère rituel, comme ont pu le faire Gong, Magma, et autres Pink floyd, celles-ci ont le don de montrer l’envers des galettes comme de nouvelles galaxies à investir. Paralipomonon, premier morceau de l’EP, est le tableau d’une après midi dominicale, assoupie dans un lourd fauteuil de cuir patiné, un chat sur les genoux et la tête déjà loin dans les étoiles.

L’architecture ne cède cependant pas sous le poids d’une langueur trop cosmique : on évoque pour chaque composition la notion « d’illusions perdues ». Pour le reste on est davantage dans un aspect volatile mais technique, avec un roucoulement synthétisé, des vocalises rondes et des rythmes réverbères qui investissent posément la temporalité des morceaux. Tout s’y développe de manière doucereuse, comme un très beau renoncement à une certaine naïveté (Ovlar E, histoire d’un Elvis déchu, égaré). Une pop désormais assumée dans sa redondance, sa désuétude parfois, ses saveurs multiples surement. Un caractère érudit se dégage de ce beau mélange, de ce « savant » mélange, comme si les Beatles avaient quitté leur sous-marins pour remettre les pieds en fac de philo.

Le royaume de la connaissance, les Dorian Pimpernel l’entretiennent sauvagement, en le magnifiant de tons androgynes, et en le confrontant à l’efficacité de machines texturées. Tout le monde pourrait être réuni ici, autour de la platine où se construit Allombom, une île imaginaire qui accueillerait Nietzsche, Bowie, Kraftwerk et Foucault, mais malgré des désaccords imminents, impossible de se taper sur la gueule en écoutant ces mélopées envoutantes. C’est en offrant un savoir brut habillé d’harmonies subordonnées à un dispositif éléctro-acoustique rodé que le groupe fait rêver ses adeptes. Un jeu d’apparence se met en place dans chaque production, car la candeur masque cette lucidité, et laisse filtrer à travers leur maturité, les rayons d’un soleil mélancolique (le « Moonshine pop », dérivé du « Sunshine pop » – tout un concept propre – c’est donc ça).

Si un groupe pouvait être là pour les applaudir, ce serait les Caravan, car ils sont parvenus à rendre à leur genre d’envolées neutralisées par les années, leur brillance d’antan. Entre caractère onirique et virtuosité vérifiée dans l’usage de matériaux emprunts du passé, Allombom sonne comme un hommage à 500 ans de production musicale, sous couvert de la fraîcheur narrative de chaque morceau.


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