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Concert : le violoncelle dans tous ses état avec le Festival Palazzetto Bru Zane au Théâtre des Bouffes du Nord

Publié le 17 juin 2014 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky
©  stevendepolo - Flickr

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Une soirée aux Bouffes du Nord est toujours un peu particulière. Hier soir, dans le cadre du Festival Palazzetto Bru Zane qui œuvre pour la diffusion et la reconnaissance de la musique romantique française, la scène de ce théâtre atypique du quartier de La Chapelle accueillait un concert entièrement dédié au violoncelle. On a pu y entendre une œuvre de Jacques Offenbach, partition trop rarement jouée de ce virtuose du violoncelle plus connu pour ces opérettes, des adaptations d’airs de Verdi (Don Carlos) et Paganini (Variations sur une seule corde sur un thème de Rossini) avec pour cette dernière un arrangement de François Salque lui-même, présent hier soir sur scène. Toujours grâce à François Salque, un arrangement d’une œuvre de David Popper. Il s’agit d’un compositeur autrichien de la fin du XIXème, début du XXème. La pièce Danse des Elfes a été composée pour violoncelle et orchestre. François Salque a su y apporter un air de renouveau. Il s’agit d’une pièce très vivante, courte et presque ludique. Le Requiem opus 66 pour orchestre de violoncelles qui le précède dans le programme est aussi un arrangement mais cette fois de Werner Thomas-Mifune. Il est à la base composé pour trois violoncelles et piano. Avant cela on retrouve deux compositeurs français plus confidentiels. D’un côté Fernand de la Tombelle, compositeur et organiste de la seconde moitié du XIXème et du début du XXème, surtout connu pour son travail pour orgue, mais qui est aussi l’auteur d’une pièce pour trois violoncelles. De l’autre Max d’Ollone, compositeur et chef d’orchestre français dont la carrière est entachée par de trop proches relations avec l’occupant allemand pendant la seconde guerre mondiale mais dont les œuvres comme celle d’hier soir, Andante & Scherzo pour trois violoncelles, composée en 1933, d’un romantisme tardif, sont d’une poésie captivante. Autour de ce programme et entourés de plusieurs autres violoncellistes, on retrouve deux virtuoses du violoncelle français : Xavier Phillips et François Salque, tous deux anciens du CNSM de Paris, à la fois reconnus comme solistes et interprètes de musique de chambre.

Bon et cette soirée alors?

Avec Offenbach, on démarre fort avec une très belle profondeur de la part des deux premiers violoncellistes. On est frappé par l’acoustique qui donne à l’instrument encore plus de majesté. L’interprétation notamment de Xavier Phillips, est simple et élégante et cela nous plaît beaucoup.

On continue avec la Suite pour trois violoncelles, en cinq mouvements, de Fernand de la Tombelle. Quelle unité entre les trois musiciens ! L’ensemble est coordonné, réglé comme une horloge. L’interprétation se fait tout en douceur, surtout dans le deuxième mouvement d’une grande modernité. Le troisième mouvement plus "sportif" donne l’occasion aux violoncellistes de montrer qu‘ils sont à la hauteur de la technicité nécessaire et c’est sans surprise, le trio nous a habitué à l’excellence dès le début de la suite. Le quatrième mouvement est très lyrique, les musiciens proposent une interprétation délicate, inspirée. La conclusion est impeccable, sans faute. On est moins séduit par François Salque qui même s’il est excellent, en fait un peu trop dans la gestuelle. On passe rapidement sur Max d’Ollone qui a moins retenu notre attention. Bravo pour le Scherzo difficile pour lequel les musiciens ont fait preuve d’une virtuosité solide.

Après l’entracte, place aux œuvres retranscrites. Et on commence par David Popper et ce Requiem adapté pour… 10 violoncelles. Forcément impressionnant ! Et tellement inédit. Le rendu est homogène et grave. Avec la Danse des Elfes, Xavier Phillips a l’occasion de montrer qu’il est un virtuose. Il est éblouissant dans cette pièce exceptionnelle. Encore une fois impressionnant. 

Avec Verdi, difficile de faire plus lyrique dans cette adaptation pour 9 violoncelles de cet air de Don Carlos. Très belle curiosité de ce programme. On atteint notre point "chair de poule". Les instruments dialoguent entre eux, se soutiennent, se répondent. C’est tout simplement très beau.

Enfin avec Paganini l’orchestre de violoncelles offre au public une conclusion très ludique. François Salque nous agace encore un peu mais l’ensemble est bluffant avec ces variations qui obligent les musiciens à développer de nombreuses techniques.

Deux rappels : Carmen de Bizet, toujours très impressionnant surtout grâce à Xavier Phillips, et Chopin, peut-être le rappel en trop mais une élégance dans le jeu très appréciable.

En conclusion un très beau concert, rempli de curiosités avec des formats inédits, et un grand coup de cœur pour Xavier Phillips. 

Notre dernier concert aux Bouffes du Nord ? Souvenez-vous. 



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