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OBÉSITÉ: Quand la pauvreté fait grossir – InVS-BEH

Publié le 17 juin 2014 par Santelog @santelog

Stress, insécurité alimentaire, facteurs socio-économiques réduisant l’accès aux aliments frais, manque de sommeil, troubles bucco-dentaires, tous les facteurs sont réunis, chez ces femmes bénéficiant de l’aide alimentaire pour accroître considérablement leur risque d’obésité. L’étude Abena révèle ainsi chez ces femmes dans la précarité, une prévalence de l’obésité de 35%, non seulement exceptionnellement élevée par rapport à la population générale (17%), mais qui s’aggrave extrêmement rapidement. Des conclusions, publiées dans le dernier Bulletin hebdo de l’InVS qui appellent à l’urgence d’assurer l’accès aux soins à ces femmes particulièrement exposées aux comorbidités de l’obésité.

OBÉSITÉ: Quand la pauvreté fait grossir – InVS-BEH
L’étude Abena (Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire) 2011-2012 1 a porté sur les adultes de 18 ans ou plus ayant eu recours à l’aide alimentaire au cours de l’hiver 2011-2012, dans 6 territoires urbains de France métropolitaine. Les poids et taille ont été mesurés et l’IMC calculé pour 1.151 participants, dont 688 femmes. Les différents facteurs socio-démographiques ont été pris en compte.

Le niveau socioéconomique intervient lourdement dans l’accès à des aliments permettant un régime alimentaire diversifié. Chez ces femmes en situation de pauvreté et de précarité, les taux de surpoids 71,0% et d’obésité 35,5% sont éloquents. Au-delà, le risque d’obésité apparaît associé de manière indépendante à l’âge, au niveau scolaire, au type d’aide alimentaire, à la couverture complémentaire d’assurance maladie, au type de logement et à la situation. Les auteurs constatent que depuis 2004, malgré les efforts entrepris pour améliorer l’aide alimentaire, la prévalence de l’obésité a augmenté parmi les bénéficiaires l’aide, les situations les plus vulnérables étant associées à l’augmentation du risque d’obésité.

L’insécurité alimentaire, qui persiste en dépit de l’aide alimentaire reçue, est présente chez 3 femmes sur 4 qui bénéficient de l’aide, pour 31% de manière modérée et pour 43% de manière sévère. La présence d’enfants à charge accroît le niveau d’insécurité alimentaire qui lui-même se révèle associé à un IMC plus élevé. Ces données posent la question de la gestion de cette insécurité et de ses conséquences à long terme sur la santé de ces femmes et de leurs enfants.

Une santé bucco-dentaire défaillante est constatée chez une très grande majorité de femmes de l’échantillon.

  • 18% de ces femmes qui présentent de 5 à 14 dents manquantes et non remplacées, un état dentaire associé avec un risque multiplié par 4 d’obésité,
  • 35% ont consulté un dentiste il y a plus de 2 ans ou n’en ont jamais consulté,
  • 26% déclarent avoir ressenti une gêne buccodentaire au cours des 12 derniers mois.

Alors que la dentition et les capacités masticatoires sont des éléments-clés d’une nutrition optimale, ces données soulignent l’importance d’une amélioration de l’accès aux soins dentaires pour ces femmes en situation de précarité, en particulier pour les plus jeunes pour lesquelles l’association entre corpulence et nombre de dents absentes non remplacées se révèle ici plus marquée.

Le manque de repos et précisément de sommeil, un facteur bien documenté d’obésité, vient s’ajouter à l’ensemble des facteurs de risque. Dans ce groupe de femmes, plus d’une sur 10 a un temps de sommeil particulièrement court, inférieur à 5 heures, un manque de sommeil associé à une prévalence de l’obésité de 55,6% vs 32,6% pour les femmes qui dorment plus de 5 heures. Précarité du logement et stress, bien que non pris en compte dans l’enquête et susceptibles d’être particulièrement sont ici pressentis comme des facteurs confondants dans la relation sommeil-obésité.

Des conclusions qui appellent, comme l’écrit dans son éditorial, Arnaud Basdevant (Institut de cardiométabolisme et nutrition (ICAN), Université Pierre et Marie Curie, AP-HP, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris) à reconnaître «  une priorité clinique immédiate : assurer un accès aux soins à ces personnes particulièrement exposées aux affections chroniques consécutives  ».

Source: InVS BEH N° 18-19 | 17 juin 2014

Lire aussi : OBÉSITÉ: Elle devient la comorbidité de la pauvreté -


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