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Poésie nippone, la photographe Rinko Kawauchi

Publié le 22 juin 2014 par Marcel & Simone @MarceletSimone
Rinko Kawauchi

Rinko Kawauchi

Poésie et douceur sont les deux mots qui me semblent caractériser le plus le travail de la japonaise Rinko Kawauchi.

La subtilité de ses photos, qui capturent comme par miracle des détails du quotidien, et les thèmes de ses séries — l'éphémère, les éléments naturels, le cycle de la vie, l'éternel recommencement — ont fait sa renommée au Japon et partout dans le monde.

Rinko Kawauchi, aperçus, cliquer pour agrandir
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Rinko Kawauchi, aperçus, cliquer pour agrandir

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Née en 1972 à Shiga au Japon, elle sort du College of Art and Design de Seian en 1993 et s'installe comme photographe free-lance en 1997.

En 2001, elle réalise trois livres Utatane, Hanako et Hanabi chez Little More.

Ces ouvrages sont un immense succès grâce auquel elle étend sa renommée à l'international.

Rinko Kawauchi a une approche particulière de la photographie. En fait, la prise de vue se fait de manière assez instinctive, elle ne s'explique pas pourquoi elle appuie sur le déclencheur. Avec la vision d'un enfant, elle se laisse guider par sa sensibilité. La création de la série s'effectue ensuite, dans le travail long et fastidieux, de la sélection des images. La prise de vue étant secondaire, plus impulsive, Rinko Kawauchi envisage la photographie comme une succession de choix.

Elle accorde aussi une importance égale à la diffusion de son travail en exposition et en publication.

"Prendre une photographie est comme inhaler ce qui est devant moi. Concevoir un livre ou une exposition c'est exhaler ce que j'ai inhalé, le partager avec d'autres personnes."

La réalisation de ses séries peut prendre plusieurs années comme pour "Illuminance" qui est née d'une sélection de prises de vue s'étalant sur 15 ans, ou "Cui Cui", travail de 13 ans autour de souvenirs familiaux.

L'artiste conçoit son œuvre pour l'imagination du spectateur — ses photos n'ont pas de limite dans l'espace ou le temps (elle n'ajoute aucune légende ou titre à ses images) — et joue avec des références universelles, favorise les associations libres et tente d'être détachée personnellement dans son travail. Si elle relève des fragments du quotidien "J'aime le détail, les petites choses qui nous entourent. En fait, le quotidien me fascine.", sa vision n'est pas du tout documentaire, elle tend davantage vers de la poésie, du lyrisme.

Une chose que j'admire chez Rinko Kawauchi est sa capacité à se renouveler, essayer, tenter des approches différentes. Dans son livre Ametsuchi chez Aperture, 2013 — contraction de deux caractères japonais signifiaient Ciel et Terre — elle prend le risque de construire sa série d'une manière nouvelle. Les thèmes du renouvellement perpétuel, la relation au temps, le contraste entre spiritualité et réalité, me paraissent plus présents, percevables. La série s'articule autour d'un sujet plus précis — les yakihata, l'agriculture sur brûlis au Sud du Japon — qu'elle vient étoffer, enrichir, de photographies de rites et cérémonies shintoïste ou judéo-chrétiennes, de ciel étoilés. Côté technique la photographe s'essaye à un nouveau format 4x5, rompant avec son style carré et son appareil Rolleiflex 6x6 habituel.

Ametsuchi Rinko Kawauchi

Ametsuchi Rinko Kawauchi

"Nothing gives me more inspiration than seeing a great artist successfully shift gears. Rinko Kawauchi made her reputation by making photographs that look as if they were seen through the near-focused eyes of a newborn. With Ametsuchi, Kawauchi steps back, way back, and slows down. The book is a quiet and mature revelation."

Alec Soth

Et dans son dernier ouvrage Sheets, chez Kominek Books publié en novembre 2013 — plus intellectuel mais tout autant réjouissant à mon sens — la démarche est encore toute autre. Elle rompt avec ses livres sur fond blanc aux images carrées en pleine page et nous présente cette fois sur fond noir ces nombreuses planches contacts réalisés dans la dernière décennie, sans organisation chronologique mais plutôt onirique comme à son habitude.

C'est comme si la photographe nous rendait visible le difficile et important travail de sélection.

Rinko Kawauchi tient un Diary http://rinkokawauchi.tumblr.com/ sur lequel elle partage ses photographies quotidiennes. A la vue de ses innombrables images, on s'imagine le travail considérable de tri parmi toute cette matière.

Ces planches contact renferment également des images que l'on a pu voir dans ces autres séries et il est particulièrement intéressant de se questionner sur les raisons de ses choix "pourquoi celle-ci plutôt qu'une autre", nous sommes plongés ici au cœur du processus de création de Rinko Kawauchi.

Sheets Rinko Kawauchi

Sheets Rinko Kawauchi

"Just when it seems that everything has been photographed, in every possible way, along comes a photographer whose work is so original that the medium is renewed. Such a photographer is Rinko Kawauchi, who makes simple, lyrical pictures, so fresh and unusual that they are difficult to describe or classify. Her images document everyday things, yet could not be described as documentary. They are generally light in tone, yet somehow dark in mood. They are almost hallucinatory, yet seem to capture something fundamental about the psychological mood of modern life."

Garry Badger on Rinko Kawauchi’s book “Utatane” (Siesta), in: Martin Parr, Gerry Badger: The Photobook: A History, volume II, 2006, p. 316.

Principales publications

Hanako. Tokyo: Little More, 2002.

Utatane. Toky: Little More, 2002.

Hanabi, Fireworks. Tokyo: Little More, 2002. (ISBN 4-89815-053-5)

Aila. 2004.

The eyes, the ears. 2005.

Cui cui. 2005.

Semear. 2007.

Murmuration. 2010.

One Day. 2010 (One of the books in One Day Ten Photographers edited by Harvey Benge)

Illuminance. New York: Aperture, 2011. (ISBN 978-1597111447)

Approaching Whiteness. Tokyo: Goliga, 2012.

Ametuschi. New York: Aperture, 2013. (ISBN 978-1597112161)

Sheets. Berlin: Kominek Book, 2013


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