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Critique Ciné : Omar, m'a tué

Publié le 24 juin 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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Omar // De Hany Abu-Assad. Avec Adam Bakri, Waleed Zuaiter et Leem Lubany.


J’ai raté Omar en octobre dernier au cinéma, j’ai enfin pris le temps de le regarder, sans regretter. En effet, le réalisateur de Paradise Now (que j’avais déjà beaucoup aimé), revient avec le portrait d’Omar, un cisjordanien qui va franchir le mur qu’il n’aurait pas dû franchir simplement pour rejoindre la fille de ses rêves et ses amis d’enfance. Je dois avouer que je ne m’attendais pas nécessairement à ce que ce film évolue de la sorte mais dès le début, Hany Abu-Assad parvient à installer une ambiance et un climat de doute. On ne sait pas du tout si Omar va s’en sortir et encore moins si le but du film est vraiment de raconter une histoire d’amour ou bien plus que ça. L’issue du film était presque attendue mais la manière dont on nous y emmène est très intéressante. Surtout que le film gère de façon très étrange mais fascinante les émotions. Notamment de son héros. Il y a des moments bouleversants où l’on sent qu’il est à deux doigts de craquer quand il est confiné dans sa cellule sans lumière. Omar permet également de faire un état des lieux du pays et du fait que les militaires pensent avoir des passe-droits sur tout le monde (la scène de l’humiliation sur la pierre était terrible). Quand on sait que là dedans il y a énormément de vrai, c’est là que l’on peut se dire que l’on est bien dans nos pays occidentaux à l’abris de cette violence gratuite.
Omar vit en Cisjordanie. Habitué à déjouer les balles des soldats, il franchit quotidiennement le mur qui le sépare de Nadia, la fille de ses rêves et de ses deux amis d'enfance, Tarek et Amjad. Les trois garçons ont décidé de créer leur propre cellule de résistance et sont prêts à passer à l'action. Leur première opération tourne mal.
Capturé par l'armée israélienne, Omar est conduit en prison. Relâché contre la promesse d'une trahison, Omar parviendra-t-il malgré tout à rester fidèle à ses amis, à la femme qu'il aime, à sa cause?
Hany Abu-Assad cherche également à mettre en avant dans son récit le côté très labyrinthique des ruelles de la ville dépeinte. Adam Bakri, le héros, se retrouve alors propulsé dans tout un tas de scènes chorégraphiées de façon assez brillante (notamment car il y a un vrai enchainement qui ne laisse pas de répit au spectateur). La violence de ce drame est aussi importante et permet de mettre en exergue les problèmes de ce pays, à la fois dans sa relation avec la politique mais aussi avec le pouvoir des autorités (notamment militaires) sur les hommes. Ceux-ci sont impuissants et peu importe si l’amour de notre avis et nos amis sont derrière un mur. Ce n’est pas possible de voir les choses autrement. Le casting est tout simplement brillant. On ne pouvait pas rêver mieux. J’ai retrouvé un peu derrière Adam Bakri de Tahar Rahim que l’on avait pu voir dans Le Prophète. Sous la houlette de la violence, les deux films partagent plus ou moins le même goût. C’est sûrement ce qu’il y a de plus intéressant justement, ce personnage dont on ne connait pas tout et qui nous surprend de scènes en scènes.
Omar parvient donc à nous tenir en haleine du début à la fin sans jamais prendre de moment de répit. Le but n’est pas de nous assommer de dialogues poussifs ou encore d’action omniprésente mais bel et bien de nous raconter une petite histoire qui a tout de violent et de brute. Les situations sont étonnamment réalistes et surtout évitent de tomber dans les pièges du film engagé qui aurait très bien pu devenir très manichéen et donc décevant. On sent ici que Omar est bien plus que ça, notamment dans l’émotion. L’émotion est d’ailleurs très forte tout au long du film alors que la moindre scène de violence engage tout de suite la compassion du spectateur (mais jamais la pitié et c’est important). On partage donc la douleur et la souffrance du héros, à la fois par rapport à ce qu’il subit mais aussi par rapport à l’éloignement dont il est victime et qu’il n’aurait pas dû connaître. Il faut bien avouer que là dedans c’est avant tout la mise en scène de Hany Abu-Assad et le jeu de Adam Bakri qu’il faut retenir mais Omar n’est pas un film simple. Il cherche constamment à creuser plus loin jusqu’à nous laisser.
Note : 9/10. En bref, brillant et cinglant.
Date de sortie : 16 octobre 2013


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