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Le conte de la princesse Kaguya

Publié le 12 juillet 2014 par Olivier Walmacq

Un paysan trouve une petite personne dans un bambou qui va grandir à une vitesse fulgurante. Princesse d'un autre monde, Kuguya devient vite le centre de toutes les attentions...

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La critique en toute légèreté de Borat

Isao Takahata revenant aux affaires alors que son associé Hayao Miyazaki tirait sa révérence en janvier dernier avec Le vent se lève. Deux films des studios Ghibli en un an, voilà un beau cadeau animé. Pour ceux qui ne le sauraient toujours pas, Takahata est "l'autre créateur" du Studio Ghibli à qui l'on doit Pompoko et surtout Le tombeau des lucioles. Depuis Mes voisins les Yamada en 1999, il n'avait pas retrouvé le 7ème art. En fait, il cherchait juste à trouver le moyen de faire Le conte de la princesse Kuguya. Un projet où il veut une animation épurée au possible ressemblant le plus possible à du crayonné, que l'on puisse ressentir les traits et les couleurs. Présenté à Cannes, le film aurait dû créer l'événement et pour cause c'est le premier film du studio a y être présenté, au contraire de Venise (Ponyo sur la falaise et Le vent se lève) ou Berlin (Le voyage de Chihiro). Malheureusement, les dirigeants ont préféré le mettre dans la Quinzaine des réalisateurs évidemment bien moins médiatique que la compétition officielle, préfèrant faire une grosse fiesta pour les vingt ans de Dreamworks même si hors compétition. Il aurait été plus logique de mettre en avant la dernière oeuvre d'un studio n'ayant jamais fait le déplacement que l'énième film d'un habitué. Mais bon Cannes est Cannes...

Le Conte de la princesse Kaguya : Photo

Takahata prouve dès son passage post-générique qu'il était bien le seul pour faire son projet, tant dans sa gravité de ton que dans son expérimentation animée. Pas de doute que le spectateur sera étonné par le style d'animation quasiment inhabituel même pour ceux qui aiment les films en animation traditionelle. Le style est peut être encore plus particulier que Ponyo sur la falaise réalisé comme si c'était de l'aquarel. Là on se serait plus proche du crayonné pur revenant à une fluidité d'antan. Une simplicité dans le visuel qui apparaît comme majestueuse tant elle tient du génie. La beauté de l'animation étant foudroyante, elle enchante le spectateur, le fait revenir en enfance et pourtant le ton s'avère assez adulte comme ne le confirme pas l'affiche française. Comme souvent avec Takahata, si le visuel se révèle plutôt enfantin, le fond lui l'est beaucoup moins Takahata n'ayant jamais réellement fait  dans la grande gentillesse. On est constamment dans un contexte doux amer avec ses moments merveilleux (l'enfance de l'héroïne soit le début du film) mais surtout ses moments de grandes émotions et de tristesse. Tout le long du film, le réalisateur du Tombeau des lucioles montre la mélancolie de l'enfance brisée par les conditions de vie et le temps qui passe.

Le Conte de la princesse Kaguya : Photo

On voit également que le passage à l'âge adulte est toujours aussi compliqué chez Takahata en dévoilant une héroïne pas prête à sa condition spéciale. Elle n'est pas prête pour les conditions princières ou le mariage. Pour cette dernière étape, Takahata se veut très cynique montrant des politiques véreux et menteurs prêts à tout pour épouser une jeune fille, quitte à faire de belles paroles voire dans le pire des cas à mourir. Le meilleur viendra peut être de l'empereur, un être libidineux et ayant plusieurs épouses. C'est dire le regard que propose Kaguya vers certains hommes: une image de femme parfaite ou un vulgaire objet de désir. Son existence n'en devient que plus misérable quand son père devient complètement omnubilé par l'aspect princier, devenant une sorte d'avare. L'homme aimant qu'il était autrefois auprès de sa petite princesse devient un homme égoïste prêt à tout pour marier sa fille quitte à en devenir détestable. En découle un film digne de Ghibli et surtout de son auteur ne prenant jamais son public pour un imbécile. Ce film n'est d'ailleurs pas à mettre forcément devant les enfants, surtout devant la gravité de ton de certaines séquences (disons-le franchement l'héroïne est à ça de la dépression). Preuve en est que le film d'animation n'est pas réservé aux enfants, ce qui n'est pas compris au vue du nombre d'enfants vus dans la salle de projection.

Le Conte de la princesse Kaguya : Photo

Une pure merveille de plus pour Isao Takahata, singulière dans son animation et sublime dans son fond.

Note: 20/20 (même si Le tombeau des lucioles lui est supérieur)

La Critique De Titi70 :

En terme d'animation japonaise, 2014 restera marqué par les adieux de deux grands noms de l'animation nippone. D'abord Hayao Miyazaki qui nous à offert un ultime chez d'oeuvre en début d'année avec Le Vent Se Lève, puis, aujoud'hui, son complice et rivale, Isao Takahata, qui, suivant les pas de son camarade, à annoncé que Le Conte De la Princesse Kaguya, ferait partie de ses derniers long métrage.

Adapté d'un conte considéré comme un des textes fondateur de la littérature Japonaise, et baptisé le Coupeur De Bambou,  Le Conte De la Princesse Kaguya se distingue d'abord par sa forme esthétique, puisque tout les personnages sont dessiné au fusain et évolue dans des décors en aquarelle; une technique singulière, mais, particulièrement adapté à ce conte et que maîtrise très justement Isao Takahata.

Le responsable du bouleversant Tombeau Des Lucioles (qui rèste, à mon sens, le plus triste et bouleversant long métrage d'animation qu'il m'est été donné de voir) nous entraine dans une histoire dont l'épilogue n'est pas loin d'être aussi émouvant que le chez d'oeuvre cité plus haut.

Le conte de la princesse Kaguya

Tout commence dans un petit village ou réside un couple de paysans agé et sans histoire. Alors que l'homme est en train de couper des bambous dans la foret voisine, il remarque une étrange lueur. C'est alors qu'apparaît, au creux d'un des arbres, un bébé que recueille immédiatement le brave paysan.

La petite fille grandit à une vitesse phénoménale et attire rapidement la curiosité des enfants du coin qui la baptise "Tige De Bambou". Parmi les gosses se trouve Sutemaru, un jeune homme fort et vigoureux qui prend la fillette sous sa protection. C'est alors que naît entre eux une complicité et de la tendresse.

Mais, la vie de la demoiselle est bouleversé lorsque son père adoptif voit apparaître de l'or et des robes somptueuses, toujours dans la foret. Persuadée qu'il s'agit d'un présage, il se rend à la ville et fait construire un somptueux palais.

Quelques temps plus tard, la jeune fille et ses protecteurs déménagent et changent de vie. Baptisé Kaguya par un seigneur, le demoiselle est contrainte de vivre comme une princesse, alors que son coeur sonne la révolte et réclame Sutemaru et ses anciens camarades. Mais, le destin de Kaguya va mettre à jour une vérité cruelle pour elle et ses proches.

Le conte de la princesse Kaguya

Si, dans beaucoup de contes, le destin de l'héroïne est de vivre heureuse, c'est complètement l'inverse ici, puisque Kaguya est ammené sur terre pour, justement, être malheureuse afin de préférer sa véritable patrie, puisque, évidemment, la jeune fille n'est pas humaine.

J'en ai déja trop dit sur ce qui reste comme une des révélations fondatrices de ce contes, qui interviendra d'ailleurs dans les derniers instants.

On pourra également faire un parallèle avec le dernier Hayao Miyazaki, dans le sens ou ce long métrage et celui d'Isao Takahata aborde chacun le thème de l'amour qui finit par être contrarié, soit à cause d'un décès dans Le Vent Se Lève, ou à cause d'un destin contrarié dans Le Conte De la Princesse Kaguya.

Il suffit, notamment, de prendre la scène de rève dans ce dernier, ou Sutemaru se voit retrouver Kaguya et revit avec elle un bonheur passé, la jeune fille finissant par lui dire qu'ils aurait pu être heureux ensemble. Malheureusement, dans la réalité, le jeune homme est devenu père et une autre compagne est à ses cotés.

Le conte de la princesse Kaguya

Encore une fois, le destin cruelle de la jeune fille est de ne pas ètre heureuse. Il ne faudrait pourtant pas croire que le long métrage d'Isao Takahata est complètement sombre, puisque le réalisateur se permet également quelques notes d'humour, notamment avec la scène ou plusieurs princes viennent apporter des présents à la demoiselle dans l'espoir de l'épouser et finissent tous par laisser apparaitre leur lâcheté.

Au final, Le Conte De la Princesse Kaguya demeure un excellent long métrage, très beau et très profond, porté par des musiques sublimes signé Joe Hisaïachi, et a voir absolument. Assurément, une des grandes oeuvres de 2014.

Je terminerais tout de même en précisant qu'il ne s'agit plus d'un film pour adultes, car, si le long métrage n'est pas violent, sa durée (2h17) et sa complexité en font une oeuvre difficile d'accès pour de jeunes enfants, ce que ne semblent pas avoir comprit certains parents, tel cette maman ayant amené sa fille de 4 ans à la séance ou j'étais, et qui n'a pas cessé de la disputer, la gamine finissant par gigoter à quelques mètres de moi, et cela au bout d'à peine 15 minutes de film.  Il serait temps que certains comprennent enfin qu'animation ne rime pas forcement avec spectacle pour tous. Mais, ça, c'est malheureusement loin d'être gagné.

Note : 20/20 (mème si je pense, comme Borat, que Le Tombeau Des Lucioles restera comme son chez d'oeuvre)  


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